USA : négociations salariales tendues chez Fiat Chrysler

Les négociations salariales se crispent chez le constructeur automobile FCA US (Fiat Chrysler), syndicats et direction campant sur leurs positions à l'approche du 15 septembre, date butoir à laquelle expirent les contrats de travail en cours.

Si les grandes lignes d'un accord ont été trouvées dans quasiment tous les sites du troisième constructeur automobile américain, les discussions sont au point mort à Toledo (Ohio, nord-est) où sont produites les fameuses Jeep.

Or, pour qu'un nouveau contrat de travail soit mis en place au sein de l'entreprise, des accords "locaux" doivent être conclus au préalable partout.

Il y a des divergences "importantes" entre syndicats et direction, confient à l'AFP des leaders syndicaux sous couvert d'anonymat.

Celles-ci reposent essentiellement, selon eux, sur les heures supplémentaires et l'éventuel transfert de la production de la Jeep Cherokee vers un autre site du groupe.

- Garder les heures sup -

Les syndicats veulent préserver les heures supplémentaires, alors que la direction entend s'en débarrasser en procédant à de nouvelles embauches, résument-ils.

A l'exception de Toledo, la plupart des sites de production de FCA US opèrent six jours sur sept avec trois roulements.

Toledo tourne 7 jours sur 7 avec seulement deux équipes et a recours souvent aux intérimaires et beaucoup aux heures supplémentaires, ce qui permet aux salariés d'arrondir leurs fins du mois.

En y recrutant une troisième équipe, la direction ferait disparaître cette manne devenue conséquente avec la forte demande actuelle pour les Jeep.

Le site de Toledo emploie 5.400 personnes à temps plein et produit quelque 400.000 Jeep par an destinées majoritairement à l'export. Les ventes de Jeep sont en hausse de 21% depuis le début de l'année, faisant de la marque la vache à lait de FCA US.

Un autre point de crispation porte sur le lieu de production de la Jeep Cherokee.

Syndicats et élus locaux plaident pour une expansion du site de Toledo, alors que Sergio Marchionne, le patron de Fiat Chrysler, maison mère de FCA US, voudrait faire construire la Cherokee ailleurs pour donner plus de place à la Wrangler dont la demande est en forte hausse.

Aucune décision n'a encore été prise, assure-t-on chez FCA US.

"Le projet doit encore être approuvé avant que nous ne l'annonçions officiellement", indique à l'AFP Jodi Tinson, une porte-parole.

- Partager les bénéfices -

En attendant, les syndicats ont fait de ces points une condition sine qua non pour tout accord salarial.

"Les nouvelles recrues, les employés seniors et les retraités ont fait des sacrifices pendant les années de redressement du groupe. Maintenant l'entreprise enregistre des ventes et des bénéfices record. Il est temps que nos membres et nos retraités en profitent aussi", avance Bruce Baumhower, cité par le journal local, le Toledo Union.

En août, les salariés du site de Toledo, qui a une longue histoire syndicale, avaient voté massivement pour un mouvement de grève si les négociations salariales n'aboutissaient pas.

Si le temps presse, des observateurs font remarquer que traditionnellement syndicats et direction ont toujours trouvé des accords à la dernière minute.

Un compromis semble avoir déjà été trouvé chez les constructeurs rivaux General Motors et Ford, qui négocient également un nouveau contrat de travail avec les syndicats.

Les trois grands constructeurs automobile américains ont entamé en juillet de difficiles négociations quadriennales avec le puissant syndicat UAW, qui réclamait une première augmentation des salaires en 8 ans pour ses 140.000 membres.

Décimée par les vagues de suppressions d'emplois entre 2007 et 2012, l'organisation syndicale réclame une redistribution des bénéfices, au moment où l'industrie automobile américaine a renoué avec ses meilleures années grâce à un intérêt accru pour les gros 4X4 de ville et les pick-up (camionnettes à plateau), le crédit facile et de faibles prix de l'essence à la pompe.

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