Un an après Blanquefort, Ford se retire d'une seconde usine

Un an après la fermeture de l'emblématique usine Ford de Blanquefort, qui produisait des boîtes de vitesse, le constructeur américain se retire d'un site tout proche, jusqu'ici détenu par sa coentreprise Getrag Ford Transmissions (GFT), ravivant les inquiétudes.

Cette coentreprise avec l'équipementier canadien Magna sera "dissoute", ont annoncé les deux groupes, qui vont se répartir ses trois sites de production de boîtes de vitesse manuelles, situés à Blanquefort près de Bordeaux, Cologne en Allemagne et Halewood en Angleterre.

Après un "examen complet des activités" de GFT, les deux partenaires ont pris cette décision pour tenir compte de "l'évolution du marché et de la demande de technologies de groupe motopropulseur", ont-ils indiqué dans des communiqués séparés.

Un "protocole d'accord non contraignant" a été conclu, "afin de poursuivre les discussions quant à la répartition de propriété des sites de GFT".

Voisin de l'usine Ford qui a cessé son activité le 24 juillet 2019, le site bordelais, qui emploie environ 800 personnes, reviendra à Magna, tandis que Ford "souhaite conserver la propriété exclusive" de l'usine britannique de Halewood et de celle de Cologne, en Allemagne.

Le groupe canadien prévoit de son côté d'augmenter sa participation au capital de GJT en Chine, ont indiqué les deux groupes, qui vont toutefois "conserver la copropriété actuelle de l'usine Sanand en Inde".

GFT, Ford et Magna "mènent des processus d'information et consultation avec les représentants du personnel et les partenaires sociaux et poursuivent les discussions avec l'ensemble des acteurs concernés", selon les communiqués.

 

Ford reste "l'unique client"

Cette dissolution a été annoncée jeudi à l'occasion d'un CSE (comité social et économique) européen. Selon la CFDT et la CGT, outre le partage des sites de production, le centre de recherche TIC est dissous et réparti entre Ford et Magna.

Le site de Blanquefort "ne s'appellera plus GFT" et sera une entité juridique française, selon la CFDT. Il n'a pas été question lors de ce CSE de projets à venir ni d'éventuelles suppressions d'emplois, a-t-elle précisé.

Les salariés, comme les élus locaux, s'étaient inquiétés ces derniers mois de l'avenir du site girondin, après l'arrêt de la production de l'usine emblématique voisine FAI (Ford Aquitaine industries) de Blanquefort, qui comptait 850 salariés.

Après cette annonce, "dire que l'on n'est pas inquiet serait mentir", a affirmé un élu CFDT. "On ne connaît pas à 100% ce que Magna veut faire. On va prendre tous les renseignements possibles, on a beaucoup de travail".

La CGT de son côté s'est dite "extrêmement inquiète, Ford lâche ses parts, mais reste notre unique client".

Si Ford "nous lâche, c'est la fermeture assurée du site de Blanquefort, malgré tous les efforts et sacrifices que nous pourrions consentir", précise un communiqué des élus CGT. "Sachant que nos volumes chutent fin 2023, nous attendons donc de Magna de nouveaux projets et de nouveaux clients dès 2021."

De leur côté, les élus locaux - région, département, métropole de Bordeaux et ville de Blanquefort - ont assuré dans un communiqué commun qu'ils resteraient "vigilants aux côtés des salariés et de leurs familles sur les conséquences industrielles et sociales de ce changement d'actionnaire".

Les élus, qui entendent "s'impliquer sur l'avenir et le développement du site", ajoutent qu'ils seront "exigeants en matière d'investissement, de mobilité ou de formation".

Fin juillet, des élus aquitains, dont le maire EELV de Bordeaux, Pierre Hurmic, et la maire socialiste de Blanquefort, Véronique Ferreira, avaient écrit au ministre de l'Economie Bruno Le Maire pour l'alerter d'un risque de "défaillance" de Getrag, estimant qu'il s'agirait d'un nouveau "rude coup" porté à l'économie régionale.

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