Uber interdit par la justice en Italie

La justice italienne a décidé vendredi d'interdire l'application de véhicules de transport avec chauffeur (VTC) Uber sur l'ensemble du territoire. Le tribunal de Rome a estimé que l'application était en "concurrence déloyale" avec les taxis qui avaient porté plainte.

Les juges ont également assorti leur jugement d'une astreinte de 10.000 euros par jour de retard à compter du 10e jour suivant sa publication. La société Uber a indiqué qu'elle allait faire appel de la décision basée, selon elle, "sur une loi vieille de 25 ans qui n'est plus le reflet de l'époque". "Le gouvernement italien ne peut plus perdre de temps et doit désormais décider s'il veut rester ancré dans le passé ou s'il veut permettre aux Italiens de bénéficier des nouvelles technologies", a ajouté Uber.

Cette décision de justice constitue un nouveau revers pour l'entreprise américaine : comme en France et en Belgique, le tribunal de Milan avait déjà interdit en 2015 ses services de transport Uber-Pop (chauffeurs non professionnels). Malgré le recours de l'entreprise californienne, ce jugement a été confirmé il y quelques semaines par un tribunal de Turin.

 

Pression des chauffeurs de taxi ces derniers mois

Fin février, des centaines de chauffeurs de taxi italiens avaient manifester à Rome, Milan ou Turin pour demander l'interdiction d'Uber. Le rassemblement avait donné lieu à quelques échauffourées avec la police, qui était intervenue pour déloger certains manifestants du siège du Parti démocrate (PD, centre-gauche) dans la capitale italienne. Les manifestants avaient également fait exploser de gros pétards devant le Parlement et le siège du gouvernement. L'une de ces explosions avait brisé les vitres d'un immeuble voisin.

Les VTC à Rome, connus sous le nom de NCC, payent comme les taxis une licence qui vaut plusieurs milliers d'euros. Mais les chauffeurs de taxi dénoncent la concurrence de ceux qui obtiennent cette licence dans d'autres communes italiennes, où les coûts sont nettement moins élevés, pour ensuite venir travailler à Rome ou dans d'autres grandes villes. "Une licence de taxis à Rome vaut 150.000 euros, mais les NCC la payent dix fois moins cher ailleurs", avait ainsi dénoncé à l'AFP Gabriele, 52 ans, devenu chauffeur de taxi depuis 2011, après avoir perdu son travail.

Son collègue Antonio Moratti, 58 ans, citait l'exemple d'une commune de Calabre (sud), qui aurait vendu quelque 200 licences à des chauffeurs venus ensuite travailler dans des grandes villes, dont Rome, alors qu'elle n'avait l'autorisation que pour deux licences. Les taxis dénonçaient aussi la concurrence sur les tarifs, qui sont bloqués pour eux, mais libres pour les VTC.

 

"Je me retrouve sans rien"

Les chauffeurs de véhicules Uber ont exprimé leurs inquiétudes lundi : "s'ils bloquent Uber, je me retrouve sans rien, à 1.000 kilomètres de chez moi", a par exemple expliqué dans La Repubblica Gregorio Maurizio, 44 ans, qui a quitté il y a un an son emploi dans un supermarché de Sicile pour se lancer à Rome dans le service de voiture de transport avec chauffeur (VTC).

© 2017AFP