Turquie : Fiat reprend le travail, Renault encore paralysé

Le conflit social dans l'industrie automobile turque semblait s'atténuer vendredi avec la reprise du travail chez le constructeur italien Fiat, mais paralysait toujours, pour la 8e journée consécutive, la production sur les sites de Renault.

"Le travail a repris à Tofas à partir du 22 mai à 07H00" locales (04H00 GMT), a déclaré la filiale turque de Fiat dans un communiqué.

La production, qui avait été interrompue mercredi sur deux sites de la filiale turque du constructeur américain Ford à Kocaeli (nord-ouest), a également repris jeudi après-midi, a-t-on appris vendredi auprès de l'entreprise.

Et la contestation, qui avait aussi gagné plusieurs équipementiers automobiles de Bursa (nord-ouest), a tendance également à se calmer avec la reprise du travail chez Coskunöz, le plus gros d'entre-eux.

Des milliers de salariés de Renault et de Fiat avaient entamé le 14 mai un mouvement de grève à moins de trois semaines des élections législatives du 7 juin en Turquie pour revendiquer des hausses de salaires.

La production de Tofas et d'Oyak Renault à Bursa, dans le nord-ouest de la Turquie, coeur du secteur automobile du pays, représente plus de 40% de la production automobile turque annuelle.

Les salariés accusent leur syndicat Turk Metal d'être aux ordres de leurs employeurs et de ne pas se soucier de leurs intérêts.

Cependant, le conflit se poursuivait toujours vendredi sur le site de Renault, à l'origine de la contestation.

Un porte-parole des grévistes, Ekrem Salim, cité vendredi par l'agence de presse Dogan, a fait état de l'échec des discussions avec la direction, indiquant que le mouvement continuait.

Par ailleurs, les meneurs du mouvement, 47 au total, se sont vus notifier des convocations d'un tribunal administratif de Bursa, précise la presse locale.

Ils sont accusés par la justice d'avoir provoqué "un arrêt de travail illégal dans une entreprise", ce qui est passible d'une peine de prison de trois ans maximum, selon le quotidien Radikal.

Jean-Christophe Kugler, responsable de la région Eurasie chez Renault, cité par les journaux turcs, s'est inquiété de ce conflit lors d'un déplacement à Istanbul à l'occasion d'un salon automobile, affirmant que le groupe pourrait reconsidérer son investissement en Turquie.

M. Kugler a souligné notamment que la Turquie était un marché de grand potentiel et que le conflit était une menace non seulement pour la Turquie mais aussi pour le secteur dans son ensemble.

BA/ggy

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