"Nous sommes pragmatiques, nous nous adapterons à n'importe quelle situation, à la condition que ce soit la même règle pour tous", a indiqué M. Ghosn lors d'une conférence de presse au salon d'électronique grand public de Las Vegas à l'ouest des Etats-Unis.
"Tous les constructeurs automobiles vont regarder très attentivement à partir du 20 janvier ce qui va être la nouvelle politique, quelles vont être les règles (...) en Amérique du Nord, et nous les respecterons", a-t-il assuré.
"Jusqu'ici les règles, c'était l'Aléna", l'accord de libre-échange entre les Etats-Unis, le Canada et le Mexique, a-t-il rappelé. "Maintenant, si l'Aléna devait changer, nous nous adapterions évidemment aux nouvelles règles".
L'Aléna permet aux constructeurs automobiles, sous certaines conditions et sans droits de douane, d'exporter vers les Etats-Unis des marchandises produites au Mexique. Donald Trump l'avait toutefois attaqué à plusieurs reprises durant sa campagne, promettant de le renégocier ou de le dénoncer purement et simplement. Et il vient de menacer General Motors mardi, puis Toyota jeudi, de représailles douanières s'il construisaient au Mexique des voitures destinées au marché des Etats-Unis.
M. Ghosn était interrogé sur la manière dont les constructeurs pourraient gérer une éventuelle fermeture des frontières américaines par le futur président.
"Rien ne s'est passé jusqu'ici", a-t-il noté. "Aujourd'hui j'ai l'impression qu'il y a plus de suppositions, de craintes, de nervosité que de choses réelles", a-t-il relevé. "Ce que j'entends dans le programme du président élu, ce sont deux choses: l'Amérique d'abord, et les emplois aux Etats-Unis. (...) Il n'y a rien d'incompatible avec ce que nous faisons."
Il a souligné que dans "beaucoup d'autres pays" du monde, les voitures vendues étaient fabriquées sur place, citant l'exemple de la Chine ou de l'Inde.
"Et les emplois aux Etats-Unis, cela signifie que nous devons tous faire attention à construire suffisamment de voitures aux Etats-Unis pour fournir le marché américain. Ce qui n'est pas le problème. Vous savez que nous avons la plus grande usine, non seulement des Etats-Unis, mais des Amériques, dans le Tennessee", a-t-il assuré.
Et d'expliquer: "Notre inquiétude, c'est les nouvelles capacités, où nous allons mettre les nouvelles capacités à l'avenir. Avant de prendre ce genre de décision, nous avons besoin de comprendre ce qui va se passer, ce que vont être les échanges économiques entre les Etats-Unis, le Mexique et le Canada, et ce que va être la politique suivie aux Etats-Unis".
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