Tricherie VW: perquisitions au siège de Wolfsburg !

La police allemande a mené des perquisitions jeudi au siège de Volkswagen, au coeur d'un vaste scandale de tests anti-pollution truqués, alors qu'aux Etats-Unis un haut responsable a essayé de disculper le groupe d'une responsabilité collective.

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"Le but des perquisitions était de saisir des documents et des supports informatiques", susceptibles de permettre d'identifier les employés impliqués dans le trucage de onze millions de véhicules dotés d'un logiciel trompant les contrôles anti-pollution, a expliqué le parquet de Brunswick (nord de l'Allemagne) dans un communiqué.

Une porte-parole du parquet a précisé à l'AFP que des appartements privés avaient également été perquisitionnés à Wolfsburg (nord) et dans d'autres villes non précisées.

Trois procureurs et 50 policiers ont pris part à ces perquisitions, alors que le vice-chancelier allemand Sigmar Gabriel, en visite à Wolfsburg, a réclamé "une action offensive du groupe", qui "doit faire la lumière".

Dans le même temps à Washington, Michael Horn, le président de VW USA, était passé sur le gril par le Congrès, déterminé à établir la chaîne des responsabilités.

Il a rejeté la faute sur un petit groupe d'ingénieurs, balayant l'idée que la décision de mettre en place un logiciel truqueur ait pu être prise au plus haut niveau de l'entreprise.

"Ce n'était pas une décision d'entreprise, de ce que j'ai compris. Le conseil (de surveillance) n'a pas autorisé ceci", a-t-il déclaré, ajoutant que lui comme les autres hauts dirigeants avaient été informés de l'existence des logiciels truqueurs début septembre, soit quelques jours seulement avant que les enquêtes des autorités américaines soient rendues publiques.

"C'est un petit groupe d'ingénieurs spécialisés dans le développement des logiciels qui a mis ceci en place", a assuré l'Allemand à des parlementaires qui ont tôt fait de surnommer VW le "Lance Armstrong de l'automobile". VW a déjà suspendu quatre salariés, parmi lesquels le chef du développement de la filiale Audi, Ulrich Hackenberg, et son homologue chez Porsche, Wolfgang Hatz, selon la presse allemande.

 

Réparations lourdes ?

Les autorités américaines, notamment l'agence de protection de l'environnement (EPA), avaient accusé le 18 septembre Volkswagen d'avoir installé un logiciel truqueur sur des voitures diesel, permettant de déjouer les contrôles anti-pollution.

Peu après, le groupe, qui encourt une amende pouvant se chiffrer à des dizaines de milliards de dollars, admettait que onze millions de ses voitures de par le monde, dont huit millions en Europe, en étaient équipées.

Depuis, plusieurs enquêtes judiciaires ont été ouvertes contre Volkswagen, en Allemagne, mais aussi dans nombre d'autres pays, dont la France, où ces voitures truquées ont été vendues.

Le constructeur a lancé aussi sa propre enquête en interne sur cette tromperie, qui visait à faire passer les voitures pour plus "vertes" qu'elles ne l'étaient.

"Je voudrais présenter des excuses sincères de Volkswagen pour avoir utilisé un logiciel qui a servi à truquer le régime des tests" des normes anti-pollution, a répété jeudi Michael Horn.

"VW a trahi une nation. Il est temps de réparer les dégâts ou de quitter la route", a grondé l'élu américain Fred Upton, tandis qu'un autre de ses collègues plaidait pour une "tolérance zéro".

La remise aux normes des voitures de Volkswagen équipées d'un moteur truqué prendra "un à deux ans au minimum", a annoncé Michael Horn.

Au-delà du logiciel, le premier groupe automobile mondial devrait par exemple installer un réservoir supplémentaire dans les véhicules concernés pour stocker l'urée, utilisée comme engrais azoté, croit savoir Christopher Grundler, un responsable de l'EPA. L'urée permet de transformer les oxydes d'azote et des gaz d'échappement en diazote et en vapeur d'eau.

"Si tout se passe comme prévu, nous pourrons commencer le rappel en janvier, et d'ici fin 2016 tout devrait être remis en ordre", a récemment promis le patron Matthias Müller, qui a pris la tête de Volkswagen dix jours après l'éviction de son prédécesseur Martin Winterkorn.

VW, qui planche sur des indemnisations et un geste pour ses concessionnaires, pourrait présenter un plan dès la semaine prochaine sur les solutions arrêtées, selon les autorités américaines.

Outre les Etats-Unis, le logiciel truqueur a aussi été activé en Europe, a écrit jeudi le quotidien Süddeutsche Zeitung. Sans cette technologie, "les voitures concernées n'auraient vraisemblablement pas été autorisées à être mises en circulation selon la norme d'émission Euro 5", poursuit le journal.

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