Tricherie VW: introductions en Bourse compromises

Covestro, l'ancienne division de chimie plastique du laboratoire allemand Bayer, a échoué à réaliser la plus grosse entrée en Bourse depuis 15 ans en Allemagne, une ambition ruinée notamment par un scandale Volkswagen tombé au plus mauvais moment. Schaeffler quant à lui pourrait différer son introduction annoncée juste avant que l'affaire VW n'éclate...

Bayer et son ancienne filiale ont revu leur copie jeudi. L'entrée en Bourse de Covestro n'aura pas lieu vendredi, comme initialement prévu, mais mardi 6 octobre. Et il est désormais question de lever 1,5 milliard d'euros, contre 2,5 milliards espérés au départ.

Un montant qui devait consacrer ce fabricant de polyuréthanes et polycarbonates -plastiques qui servent à une myriade de produits quotidiens, des poignées de portes de voitures aux coques d'ordinateurs, en passant par l'isolation des fenêtres - comme la plus grosse opération à la Bourse de Francfort depuis 2000.

Mais la situation du marché s'est "fortement détériorée" depuis l'ouverture de la souscription des actions le 21 septembre, ont justifié les deux entreprises dans un communiqué commun.

La faute selon elles aux inquiétudes engendrées par le ralentissement économique de la Chine et par les tergiversations de la Banque centrale américaine (Fed) pour remonter ses taux, et à "de mauvaises nouvelles dans le secteur automobile". Une manière polie d'évoquer le séisme provoqué en Bourse par Volkswagen et sa tricherie mondiale aux normes anti-pollution.

Fed et Chine avaient déjà provoqué une "correction" à Francfort, mais Volkswagen a enfoncé le clou et les professionnels de marché craignent désormais un "retournement de tendance", explique à l'AFP Oliver Roth, stratège actions chez Oddo Seydler Bank.

L'indice vedette Dax a chuté de 11,74% sur l'ensemble du troisième trimestre, achevé mercredi. L'ambiance est morose, pile au moment où de nombreuses entreprises allemandes veulent entrer en Bourse.

"C'est comme lorsque vous organisez une fête en plein été et qu'une tempête est soudain annoncée. La fête tombe à l'eau", reprend M. Roth.

L'équipementier Schaeffler, l'autre grosse prochaine opération prévue à Francfort, est, quant à lui, pénalisé par son appartenance au secteur automobile. Il n'a toujours pas fixé la fourchette de prix de son introduction, prévue le 5 octobre, et cette date paraît de plus en plus compromise, selon une source proche de l'opération. La société n'a pas souhaité s'exprimer sur le sujet.

Le patron de Bayer, Marijn Dekkers, se rassure comme il peut.

"Si les investisseurs ont hésité, ce n'est pas à cause de Covestro, mais en raison de l'environnement de marché général. C'est pourquoi nous avons encore allégé le ticket d'entrée pour ceux qui veulent signer", a confié à l'hebdomadaire Wirtschaftswoche celui qui continue de qualifier son ancienne filiale de "très +sexy+".

La fourchette de prix fixée pour les nouvelles actions a été réduite à 21,50 euros à 24,50 euros, contre une fourchette allant de 26,50 euros à 35,50 euros précédemment.

La stratégie semble porter ses fruits. Le livre d'ordres de Covestro "est désormais plus que plein", a déclaré à l'AFP une source proche du dossier.

Mais la réduction de la voilure reste "clairement décevante" pour Bayer, relève Alistair Campbell, analyste de Berenberg.

"Ils ne vont clairement pas lever les 2,5 milliards qu'ils souhaitaient", pour réduire immédiatement leur dette, constate-t-il.

Bayer conserve le reste du capital pour au moins six mois. Le laboratoire se recentre lui sur la pharmacie, les médicaments sans ordonnance et l'agrochimie - pesticides et engrais.

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