Tricherie VW: encore une journée noire...

Le scandale des moteurs truqués de Volkswagen faisait de nouvelles vagues jeudi, avec un appel de Bruxelles à des enquêtes en Europe et des plaintes en cascade en préparation aux Etats-Unis, tandis que le groupe s'apprêtait à nommer un nouveau patron.

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La Commission européenne a demandé jeudi aux Etats-membres de conduire "les enquêtes nécessaires au niveau national" après les révélations sur la tricherie de Volkswagen aux tests antipollution.

Bruxelles invite tous les Etats membres à faire un compte-rendu de ces investigations, pronant "la tolérance zéro sur la fraude et une observation rigoureuse des règles de l'UE".

Volkswagen a implanté sur 11 millions de voitures dans le monde un logiciel qui aidait à fausser les résultats des tests anti-pollution. Entre temps, il est avéré que la manipulation concerne aussi des voitures commercialisées en Europe, a indiqué le ministre allemand des Transports.

Le patron de Volkswagen Martin Winterkorn a rendu son tablier mercredi, tout en affirmant n'avoir rien su.

Selon plusieurs organes de presse jeudi, son successeur est déjà trouvé: ce sera Matthias Müller, 62 ans, actuel patron de Porsche. Cette nomination devrait être officialisée vendredi à l'issue d'une réunion du conseil de surveillance à Wolfsburg (nord), siège du groupe.

Et d'autres têtes que M. Winterkorn vont tomber, a affirmé jeudi Olaf Lies, membre du conseil de surveillance. Certains noms - le directeur du développement de la marque Volkswagen par exemple - ont commencé à circuler.

Interrogé par l'AFP, Volkswagen ne faisait aucun commentaire sur ces informations.

"mal au coeur"

Le nouveau chef devra gérer les conséquences commerciales et judiciaires de l'affaire.

Aux Etats-Unis, où elle a éclaté la semaine dernière, le constructeur fait déjà en quelques jours l'objet de nombreuses plaintes en nom collectif - les fameuses "class-actions", et les cabinets d'avocats battent le rappel pour faire grossir les rangs des plaignants.

Les nombreux automobilistes en colère dans le pays sont un terrain propice à leurs efforts. Interrogée par l'AFP à une station-service à Los Angeles, Marivi Badin, propriétaire d'une VW Golf diesel, raconte avoir acheté sa voiture "pour sa consommation faible et parce qu'elle était propre". "Et maintenant on découvre que tout cela était une farce, ça fait mal au coeur", dit-elle.

En Espagne, la presse évoquait 500.000 Seat équipées des moteurs VW truqués.

Outre la gestion de la crise, le nouveau numéro un devra remettre à plat la stratégie d'un groupe énorme - 10 millions de voitures vendues en 2014, 202 milliards d'euros de chiffre d'affaires, 590.000 de salariés - et géré jusqu'alors de manière très centralisée.

Sous les critiques, M. Winterkorn, qui entre retraite et indemnités de départ pourrait toucher jusqu'à 60 millions d'euros, prévoyait une grande réorganisation. Le chantier incombe désormais à un autre.

Dommages collatéraux

Pour beaucoup en Allemagne, il en va de la réputation de toute l'industrie automobile, voire du pays tout entier. "J'ai bien peur que toute l'industrie automobile en sorte endommagée", a déclaré Volker Kauder, député conservateur proche de la chancelière, Angela Merkel.

BMW a déjà souffert de dommages collatéraux jeudi.

L'hebdomadaire AutoBild, adossé au tabloïd allemand Bild, a mis en cause le champion du haut de gamme, affirmant que l'un de ses modèles dépassait de beaucoup les limites européennes d'émissions de gaz polluants.

L'information, aussi maigre soit-elle et qui n'évoquait aucune tricherie, a fait l'effet d'une bombe. BMW s'est empressé de démentir toute manipulation et a affirmé respecter les normes en vigueur "dans tous les pays".

Cela n'a pas empêché l'action BMW de céder 5,15% sur la séance à Francfort.

Le titre Volkswagen, qui a perdu un tiers de sa valeur depuis le début de la semaine - soit plus de 20 milliards d'euros de capitalisation boursière partis en fumée - a fait mieux (+0,58% à 112,15 euros), freiné toutefois par l'annonce par Nordea, la plus grande banque nordique, de la mise à l'index pour six mois des actions et obligations Volkswagen.

Autre coup dur, le placement sous surveillance négative par l'agence de notation Standard & Poor's, après sa consoeur Fitch la veille.

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