Tricherie VW: Berlin, critique et suspicieux

Le gouvernement allemand a fermement critiqué lundi "la tromperie avérée" sur les normes environnementales à laquelle s'est livré le géant automobile Volkswagen aux Etats-Unis, et indiqué vouloir procéder à des vérifications en Allemagne.

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"Nous sommes devant un cas avéré de tromperie des consommateurs et de dommages faits à l'environnement", a commenté le secrétaire d'Etat à l'Environnement Jochen Flasbarth. "J'exige que Volkswagen fasse la lumière totale sur la manière dont ces manipulations ont eu lieu et sur leur ampleur", a-t-il poursuivi. "Une chose est claire, c'est une affaire grave", a réagi pour sa part le ministre de l'Economie et vice-chancelier Sigmar Gabriel, mais "je suis sûr que la société va clarifier les choses rapidement et en profondeur".

Le porte-parole de la chancelière Angela Merkel, Steffen Seibert, a refusé de commenter ce scandale qui ébranle l'une des principales entreprises allemandes, affirmant toutefois que Mme Merkel suivait attentivement le dossier. Elle n'était, assure-t-il, pas au courant de l'affaire avant qu'elle n'éclate vendredi aux Etats-Unis.

Selon les autorités américaines, 482.000 véhicules de marque Volkswagen et Audi, fabriqués entre 2009 et 2015 et vendus aux Etats-Unis, ont été équipés d'un logiciel sophistiqué capable de détecter automatiquement à quel moment ils étaient soumis par les autorités à un test de mesure de la pollution et d'alors enclencher -a priori à l'insu des conducteurs- un mécanisme interne de limitation des émissions de gaz polluants.

"Tous les constructeurs allemands sont appelés à expliquer si les émissions d'autres modèles sont ou ont été manipulées de cette manière ou d'une autre", a déclaré M. Flasbarth.

Les constructeurs sont appelés à fournir au KBA, l'autorité compétente en Allemagne, des "informations fiables" pour procéder à ces vérifications, a précisé un porte-parole de son ministère.

Le chef du gouvernement de Basse-Saxe, Etat régional du nord de l'Allemagne qui abrite le fief de Volkswagen, Wolfsburg, et qui détient 20% du capital de l'entreprise, a qualifié de "totalement inacceptables et en rien justifiables" les manipulations constatées.

"Je pars du principe que cette affaire sera rapidement et complètement clarifiée. C'est seulement après qu'une décision pourra être prise sur de possibles conséquences", a poursuivi le social-démocrate, qui siège au conseil de surveillance de Volkswagen.

Le patron de l'entreprise Martin Winterkorn est en première ligne. Déjà ébranlé il y a quelques mois par une contestation en interne, il a fait son mea culpa dimanche et promis de coopérer avec les autorités américaines.

Mais l'affaire fait planer une ombre sur sa reconduction à la tête de Volkswagen jusqu'à 2018, qui devait être entérinée vendredi par le conseil de surveillance, et n'aurait dû être qu'une formalité.

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© 2015AFP