Très jeunes et très vieux : les chouchous du marché VO

Sur internet et dans les concessions, deux types de véhicules se sont arrachés entre les deux confinements, reflétant "la fracture sociale française", souligne Marc Bruschet, du Conseil national des professions de l'automobile (CNPA).

Les ventes de vieux véhicules de plus de 15 ans ont connu "une inflation soutenue" (+17,3% par rapport à octobre 2019). "Ils procurent pour un coût modique une solution individuelle de mobilité", constate M. Bruschet, surtout en ces temps de pandémie, avec une "profonde défiance des Français envers les transports en commun, renforcée par les protocoles sanitaires mis en place dans les entreprises".

A l'autre bout du spectre, les occasions de moins de deux ans, chères mais option alternative à l'achat d'un véhicule neuf, se sont bien vendues cet été, selon les chiffres du cabinet C Ways. Les concessionnaires ont notamment écoulé beaucoup de véhicules de démonstration, éligibles jusqu'en juillet à la prime à la conversion. On constate maintenant une pénurie de voitures récentes, selon la plate-forme AutoScout24.

"Au moment du départ en vacances, les Français se sont bien rendus compte qu'ils ne partiraient pas à l'étranger", analyse Marc Bruschet. "Ils ont fait entretenir leur véhicule ou ont pris un véhicule plus récent".

Les véhicules de deux à cinq ans se vendent extrêmement bien depuis le printemps (+17,7% en octobre), mais l'offre diminue.

Les loueurs longue durée, principaux fournisseurs de cette catégorie, "ont vraisemblablement constaté ou anticipent une augmentation des défaillances d'entreprises, et donc d'impayés à court terme", analyse M. Bruschet. Ils ont donc prolongé les contrats, plutôt que de renouveler leur flotte de véhicules.

Sur la plate-forme Carventura, qui met en relation des particuliers après expertise, son fondateur Frédéric Lecroart a relevé le succès de la Peugeot 2008, un SUV, à la sortie du confinement.

"Notre clientèle voulait s'évader, mettre les valises dans un grand coffre et partir. Surtout en région parisienne où les SUV compacts représentaient presque 60% des ventes", souligne-t-il.

Sur cette plate-forme lancée en 2018, "on a vu une nouvelle clientèle qui achetait plutôt des véhicules neufs" et qui cherche des véhicules d'occasion très récents, explique M. Lecroart. "Certains gèrent leur budget, mais certains nous disent aussi acheter +tout d'occasion+ par conviction".

Comme d'habitude, les acheteurs cliquent davantage sur les voitures de marque allemande sur Leboncoin. Mais les véhicules les plus vendus en octobre 2020 sont, dans l'ordre, des Renault (20,2%), Peugeot (11,83%) et Citroën (11,53%). La Peugeot 208, renouvelée il y a peu, est en forte croissance.

En matière de motorisations, le diesel reste prédominant (57% du marché) mais l'essence progresse (+2,7%), tandis que les hybrides et les électriques pointent le bout de leur nez (2,5% du marché). "L'offre s'est vraiment développée depuis début 2020, il est encore trop tôt pour avoir un impact significatif des véhicules électrifiés sur le marché de l'occasion. Ce sera plutôt pour 2021 et surtout pour 2022", prévoit Marc Bruschet.

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