Toyota vise 3,5 millions de ve vendus par an d'ici 2030

Toyota a considérablement renforcé mardi ses ambitions dans les véhicules électriques, un segment en pleine ébullition où le géant japonais de l'automobile risquait de se laisser distancer par son grand rival allemand Volkswagen ou encore l'américain Tesla.

"Nous voulons atteindre des ventes mondiales annuelles de 3,5 millions de véhicules électriques d'ici 2030", a déclaré Akio Toyoda, le PDG du géant automobile japonais, lors d'une conférence de presse à Tokyo.

C'est un bond de 75% par rapport au précédent objectif comparable du groupe, qui tablait auparavant sur des ventes annuelles de 2 millions de véhicules électriques et à pile à combustible à l'horizon 2030.

Le constructeur nippon, redevenu numéro un mondial de l'automobile en 2020 devant Volkswagen, n'a pas précisé quelle proportion cela représenterait dans ses ventes totales en volume à cette échéance. Actuellement, le groupe écoule environ 10 millions de véhicules par an.

Sa marque haut de gamme Lexus va devenir 100% électrique d'ici 2030 en Europe, Amérique du Nord et Chine, soit un million d'unités par an, et "dans le monde entier d'ici 2035", a précisé M. Toyoda.

Le groupe compte investir 4.000 milliards de yens (31,2 milliards d'euros au cours actuel) sur la période 2022-2030 dans la recherche-développement et la production de véhicules et de batteries électriques, a déclaré Masahiko Maeda, le directeur de la technologie chez Toyota.

En septembre, Toyota avait annoncé vouloir investir 1.500 milliards de yens dans les batteries d'ici 2030, un montant désormais relevé à 2.000 milliards de yens (15,6 milliards d'euros).

 

"Un sacré saut"

Le groupe veut désormais lancer 30 modèles électriques d'ici 2030, alors qu'il en avait annoncé jusqu'à présent 15 d'ici 2025. Le premier de cette armada, un SUV baptisé bZ4X, doit sortir en 2022 dans le monde entier.

"C'est un grand changement, un sacré saut" pour Toyota, a commenté mardi auprès de l'AFP Christopher Richter, spécialiste du secteur automobile chez le courtier asiatique CLSA.

Le groupe a tardé à se mettre totalement en ordre de bataille pour la lutte au sommet qui s'annonce sur le marché mondial des véhicules électriques, car chez Toyota comme dans beaucoup d'autres entreprises japonaises traditionnelles, "il faut beaucoup de temps pour arriver à un consensus" sur des décisions stratégiques, selon M. Richter.

"Le bon côté des choses, c'est qu'une fois qu'ils ont décidé de la voie à suivre, ils tendent à avancer plutôt résolument", a encore estimé cet analyste.

Cependant il ne s'agit pas d'un "virage à 180 degrés" pour Toyota, a encore relevé M. Richter, puisque le groupe continue de miser en parallèle sur d'autres technologies comme les véhicules hybrides, dont il est le champion mondial.

Toyota va ainsi investir 4.000 milliards de yens également d'ici 2030 dans ses autres modes d'électrification (véhicules hybrides et hybrides rechargeables, véhicules à pile à combustible), a précisé M. Maeda.

 

"Solutions diversifiées"

"Toyota est une société présente dans le monde entier, avec une offre complète", or "chaque pays est face à un contexte énergétique particulier", et donc "il est important de préparer des solutions diversifiées", a justifié M. Toyoda.

Le groupe n'a de cesse de rappeler que les énergies renouvelables risquent de ne pas être suffisamment disponibles ou bon marché partout dans le monde à l'avenir pour permettre une mobilité zéro émission de masse, par exemple au Japon ou dans de nombreux pays émergents.

Toyota, mais aussi Volkswagen ou encore Renault-Nissan s'étaient ainsi abstenus de signer un accord global le mois dernier à la COP26 de Glasgow qui les aurait engagés à ne lancer que des voitures zéro émission d'ici 2035 au plus tard sur leurs principaux marchés.

"Il y a beaucoup de risques susceptibles d'empêcher le marché des véhicules électriques de croître aussi fortement que ce que certains le pensent", a aussi prévenu M. Richter de CLSA, en soulignant par exemple l'envolée récente des prix du lithium, composant essentiel des batteries.

Mais Toyota veut s'adapter en fonction des contextes locaux: début décembre il a ainsi annoncé qu'il se tenait "prêt" à vendre 100% de véhicules zéro émission à compter de 2035 en Europe de l'Ouest, alors que la Commission européenne a proposé d'interdire les moteurs à combustion à cette date.

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