Toyota investit à Valenciennes, salué par Macron

Emmanuel Macron a vanté lundi le "made in France" en saluant la décision de Toyota d'investir 300 millions d'euros dans le nord, avant d'accueillir 140 dirigeants de grands groupes étrangers à Versailles.

Avec ces deux évènements organisés juste avant l'ouverture du Forum de Davos, où il se rendra mercredi, le président veut montrer que sa politique proentreprises attire les multinationales.

"Si Toyota décide d'investir 300 millions et de créer 700 CDI ici, c'est parce que vous êtes bons", a-t-il lancé aux employés de l'usine Toyota d'Onnaing (Nord), où il a passé plus de trois heures.

Cet investissement est destiné à "moderniser le site et réaliser les aménagements indispensables, en particulier des ateliers d'emboutissage et de carrosserie", a ensuite expliqué le directeur de l'usine, Luciano Biondo.

Il démontre, selon lui, "qu'il est possible d'investir et de produire en France", a-t-il ajouté.

Ce discours devrait être répété dans la soirée par Emmanuel Macron aux dirigeants qu'il a conviés dans le cadre majestueux du château de Versailles.

"En France, le travail est une fierté", a d'ailleurs proclamé à Onnaing l'ancien banquier d'affaires chez Rothschild.

Parmi les invités de Versailles, figurent des patrons de géants américains, chinois et européens, comme Coca-Cola, Facebook (Sheryl Sandberg), Google, Goldman Sachs, UPS, Alibaba, Bosch, SAP, Ikea, Barilla, Siemens, Volvo ou Rolls-Royce.

Plusieurs d'entre eux ont participé à un déjeûner avec le Premier ministre Edouard Philippe, au cours duquel ce dernier a répondu à leurs questions sur les réformes en cours, la fiscalité, ou l'éducation. "C'est important de montrer ce que nous avons fait" depuis l'élection présidentielle et "d'annoncer ce que nous allons faire", a expliqué l'Elysée.

 

Image améliorée

Plusieurs groupes doivent annoncer de gros projets d'investissements en France: cinq significatifs dans l'industrie et le numérique et près d'une dizaine d'autres de taille moyenne.

Facebook a ainsi annoncé le lancement de deux programmes de formation au numérique pour 65.000 personnes et un investissement de 10 millions d'euros dans l'intelligence artificielle. Le groupe pharmaceutique suisse Novartis devrait confirmer 900 millions d'investissements en France, notamment en Alsace.

Emmanuel Macron s'envolera ensuite mercredi pour Davos, où il plaidera pour une mondialisation mieux organisée, avec "une vision politique mondiale", selon son entourage.

Le chef de l'État veut capitaliser sur l'amélioration de l'image de la France. 72% des investisseurs américains escomptent une évolution positive en France contre 30% en 2016, un record depuis 18 ans, selon un baromètre réalisé en novembre par la Chambre de commerce américaine et le cabinet Bain.

La France estime avoir une carte à jouer dans un contexte marqué par le Brexit et l'imprévisibilité de Donald Trump. Elle tente d'attirer à Paris les banques internationales qui voudraient quitter Londres, grâce à un allègement des indemnités de licenciement des traders.

Tout ne relève pas d'un "effet Macron". L'année 2016 avait enregistré 1.117 investissements physiques étrangers en France (+16%), un record depuis dix ans, selon Business France, l'organisme de promotion de la France à l'international.

Mais ces investissements créent moins d'emplois: seuls 30.108 emplois ont été créés ou maintenus grâce aux capitaux étrangers en 2016 (-11%). De plus, les géants américains du numériques, s'ils investissent en France, échappent largement à l'impôt sur les sociétés, ce contre quoi Paris tente de mobiliser ses voisins.

Le gouvernement s'inquiète en outre de la réforme fiscale américaine, qui va abaisser l'impôt sur les sociétés de 35% à 21%.

Soucieuse de combattre le "pillage" de ses technologies, comme l'a signifié le ministre de l'Economie Bruno Le Maire, Paris veut par ailleurs élargir le "décret Montebourg" sur le contrôle des investissements aux secteurs du numérique.

A l'usine d'Onnaing, les employés se félicitaient des investissements à venir. "C'est tout simplement magnifique! En France, c'est tellement rare", a déclaré Philippe Christmann, 56 ans, chef de chantier mécanique dans la société sous-traitante Schuler. "L'usine va s'agrandir", s'est réjoui Jérôme, un ouvrier de 33 ans.

"C'est une très bonne nouvelle pour les Hauts-de-France et pour la France", a salué Xavier Bertrand, le président de la région, qui a apporté 11 millions d'euros, aux côtés de l'Etat, de l'Europe et des collectivités.

Mais pour Éric Pecqueur, secrétaire général CGT-Toyota, la somme investie "ne représente rien pour un groupe comme Toyota". "Ce groupe et Macron utilisent les ouvriers et les chômeurs pour s'offrir une campagne de pub gratuite", a-t-il dénoncé.

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