TotalEnergies : nouveau superprofit au 3e trim. grâce au gaz

En plein débat sur les superprofits des pétroliers et gaziers responsables des émissions de CO2, TotalEnergies a annoncé jeudi un nouveau bénéfice record au troisième trimestre, de 6,6 milliards de dollars, bénéficiant surtout de l'envolée des prix du gaz depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie.

A huit jours de l'ouverture de la conférence internationale sur le climat COP27 où les énergéticiens sont sommés de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre et alors que la classe politique française débat d'une taxe sur les superprofits, TotalEnergies a annoncé avoir engrangé en neuf mois plus de bénéfices que l'an dernier: 17,3 milliards de dollars contre 16 milliards en tout en 2021. Au troisième trimestre, son bénéfice a augmenté de 43 % par rapport au même trimestre 2021.

"Tant mieux", s'est réjoui le ministre de l'Économie Bruno le Maire au micro de BFM Business. "Nous devrions tous être fiers d'avoir une grande entreprise énergétique qui soit française comme Total", a dit le ministre en soulignant que ses gains permettaient de "payer une remise sur les carburants" aux automobilistes français, et "d'augmenter les salaires de Total".

Le groupe a en effet annoncé un 13e mois à tous ses salariés dans le monde, et vient de signer un accord d'augmentation des salaires en France avec deux syndicats majoritaires après une longue grève dans ses raffineries qui continue de créer des ruptures de carburants dans les stations-service françaises.

TotalEnergies a aussi confirmé qu'une taxe européenne sur les superprofits en cours de mise au point à Bruxelles, baptisée "contribution de solidarité sur les profits des groupes énergétiques", lui couterait un milliard d'euros en 2022.

Elle sera à diviser entre les six pays de l'UE où le groupe a des activités de raffinage ou d'exploration-production: France, Allemagne, Belgique, Luxembourg, Pays-Bas et Danemark.

Mais la clé de partage de la manne pétrolière et gazière entre actionnaires, salariés et contribuables restait contestée jusqu'à jeudi dans deux sites français du groupe encore en grève, à l'appel de la CGT: la raffinerie Normandie à Gonfreville-L'Orcher (Seine Maritime) et le dépôt de Feyzin (Rhône).

 

"Age d'or du gaz"

Avant l'hiver, avec l'augmentation massive des importations de gaz naturel liquéfié (GNL) décidée dans l'urgence par les pays d'Europe sevrés de gaz russe, le groupe a expliqué jeudi avoir bénéficié de sa stratégie en matière de GNL ainsi que de la forte hausse des cours du gaz.

Aussi, le jour même où le directeur général de l'Agence internationale de l'énergie (AIE) Fatih Birol, prévenait -à Paris également- que la planète "approche de la fin de l'âge d'or du gaz", TotalEnergies se félicitait de son choix fait il y a quelques années de l'intégration de toute la chaîne de valeur du gaz liquéfié: de la production à la distribution au client en passant par la liquéfaction à -163 degrés, son transport par méthanier et le marketing.

"Nous sommes les premiers exportateurs de GNL aux États-Unis", a ainsi rappelé le directeur financier Jean-Pierre Sbraire devant des analystes.

Au troisième trimestre, même si la production de GNL du groupe a baissé de 6 % sur un an et que les ventes totales de GNL ont baissé de 10 % par rapport au deuxième trimestre du fait de maintenances ou d'arrêts de production dans différentes usines, les ventes totales de gaz liquéfié ont, elles, progressé de 5 % sur un an.

Le prix moyen du gaz naturel liquéfié (GNL) s'est envolé de 50 % dans les trois derniers mois, par rapport au deuxième trimestre.

Pour les mois à venir, le groupe continue de compter sur les mannes du GNL ainsi que sur le soutien aux cours du pétrole venu de la décision de l'OPEP+ de baisser ses quotas de production. Les prix du gaz "devraient rester élevés, portés par la nécessité d'importer du GNL en Europe pour remplacer les importations de gaz russe" a indiqué le groupe.

La guerre de la Russie en Ukraine pèse néanmoins sur les finances du groupe: TotalEnergies a provisionné 3,1 milliards de dollars lié aux risques sur la Russie, après des provisions de 7,6 milliards lors des deux premiers trimestres. Mais il maintient sa présence dans son site de GNL sibérien, Yamal.