Thomé-Génot : 5 ans requis contre les ex-dirigeants

Le ministère public a requis cinq ans d'emprisonnement contre les anciens dirigeants américains de Thomé-Génot, sous-traitant automobile de Nouzonville (Ardennes), accusés de banqueroute par détournement et d'abus de biens sociaux ayant conduit au licenciement de 316 salariés en 2006, vendredi à Reims (Marne).

Greg Willis et Catherine Felch, les deux dirigeants des Ateliers Thomé-Génot (ATG) avaient déjà été condamnés en septembre 2009 par le tribunal correctionnel de Reims à la même peine que celle requise ce vendredi, assortie d'une interdiction de gérer une entreprise pendant cinq ans.

Mais une erreur de procédure avait entaché le procès.

"Restera encore une fois l'application de la peine...", a soufflé Romain Ducrocq, le représentant du ministère public, dénonçant dans ses réquisitions "le pillage de la société".

Absents à l'audience, les deux prévenus, résidents aux Etats-Unis et sous le coup d'un mandat d'arrêt international, n'ont jamais répondu à la convocation de la justice française.

Le jugement a été mis en délibéré au 10 novembre.

En 2004, le tribunal de commerce de Charleville-Mézières avait cédé l'entreprise à la société américaine de consulting Catalina, pilotée aussi par le duo Willis-Felch, qui avait promis la sauvegarde des emplois et "3 millions d'euros d'investissement sur 5 ans", a rappelé Tiffanie Reiss, la présidente du tribunal.

Au lieu de ça, "la revente des actifs de la société pour être réinvestis à l'étranger" en vue d'une délocalisation au Mexique, des prestations de Catalina à ATG "facturées très chères", ainsi que la vente à perte, ont précipité l'agonie de cet ancien fleuron industriel des Ardennes, a-t-elle listé.

Thomé-Génot, leader mondial des pôles d'alternateurs et fournisseur exclusif de Ford, a été liquidée en 2006 pour cause de déficit et de trésorerie exsangue.

"Pour moi, l'entreprise était déjà morte. Ca aurait été jeter de l'argent par la fenêtre" que d'investir, a essayé de défendre le seul témoin, un expert comptable retraité ayant établi des rapports sur la santé d'ATG à la demande des dirigeants.

"Ils sont venus, ils se sont gavés et ils sont repartis. On a saigné cette entreprise jusqu'à la dernière goutte", a estimé Me Pierre Blocquaux, avocat des collectivités, parties civiles aux côtés d'anciens salariés.

Sur les cendres de Thomé-Génot avait émergé Ardennes Forges, repreneuse des activités de l'équipementier automobile avant d'être à son tour liquidée en 2008.

Suite à des péripéties judiciaires soldées par une décision de la Cour de cassation rendue le 13 juillet, 47 ex-salariés de cette société doivent désormais rembourser une partie des 900.000 euros de dommages-intérêts touchés après leur licenciement.

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