Thomé-Génot: 4 ans de prison requis contre les anciens dirigeants

Le parquet général de la cour d'appel de Reims a requis mardi quatre ans de prison contre les deux anciens dirigeants américains de Thomé-Génot, sous-traitant automobile à Nouzonville (Ardennes), pour différentes malversations ayant précipité en 2006 ce fleuron industriel à sa fin et 316 salariés au chômage.

"On a deux versions: est-ce qu'on est en face de voyous qui ont abusé les gens et vidé une entreprise qui datait de 1863, une institution dans les Ardennes, leader mondial dans son secteur ? Ou deuxième version: on a un gestionnaire qui a commis des négligences et des imprudences", a résumé l'avocat général Olivier Hussenet après dix heures d'audience.

"Pour moi c'est plutôt la première version", a-t-il ajouté, convaincu de leur "mauvaise foi" dans cette "catastrophe économique".

Ses réquisitions sont identiques aux peines prononcées par le tribunal correctionnel de Reims en novembre 2017.

Catherine Felch et Greg Willis, anciens patrons sous le coup d'un mandat d'arrêt international - ils ne se sont jamais rendus aux convocations de la justice française - avaient été reconnus coupables de "détournements d'actifs", "achats en vue de revente au-dessous du cours" et "abus de biens". Cette sanction avait été assortie de 200.000 euros d'amende chacun.

Ils avaient décidé de faire appel.

"Cette société était malheureusement condamnée et mes clients sont les boucs-émissaires d'une situation qui les a dépassés" alors que "grâce à eux les salariés ont pu travailler deux ans de plus car dès 2004 la société était morte", a déclaré à l'AFP leur avocat Me Stéphane Bonifassi, déplorant "une peine disproportionnée".

Alors que les dirigeants s'étaient "sauvés au petit matin pour les Etats-Unis", c'est la collectivité à travers "l'argent du contribuable" qui a dû "panser les plaies" des salariés, a rappelé Me Pierre Blocquaux, avocat du conseil départemental des Ardennes, zone durement touchée par la désindustrialisation.

Cinquante-deux salariés se sont également constitués partie civile dans cette affaire tandis que l'arrêt sera rendu le 6 septembre.

En 2004, le tribunal de commerce de Charleville-Mézières avait cédé l'entreprise à la société américaine de consulting Catalina, pilotée aussi par le duo Willis-Felch, qui avait promis la sauvegarde des emplois et un plan d'investissement de trois millions d'euros.

Dans les faits, leurs décisions dont celle de céder des actifs de la société pour réinvestir à l'étranger en vue d'une délocalisation, ont achevé d'enterrer Thomé-Génot, auparavant leader mondial des pôles d'alternateurs et fournisseur exclusif de Ford.

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