Tesla : un patron français et le titre s'envole !

En pleine tourmente médiatique, le cofondateur de Tesla Elon Musk a promu l'ingénieur français Jerome Guillen président du constructeur de voitures électriques.

Cliquez ici pour accéder à l'email envoyé par Elon Musk à ses employés.

Après avoir défrayé la chronique en apparaissant à quelques jours d'intervalle complètement surmené dans un entretien accordé au New York Times, puis buvant du whisky et fumant du cannabis lors d'une interview déjantée, Elon Musk va enfin pouvoir prendre un peu de recul. Le milliardaire, qui reste PDG de Tesla, vient en effet de nommer une nouvelle équipe de direction pour la division automobile de son groupe. À sa tête, le Français Jerome Guillen, un ingénieur entré au service du constructeur américain de voitures électrique en 2010.

Il fallait en effet réagir à l'exode des dirigeants de l'entreprise, avec le départ cette semaine du chef comptable, un mois seulement après son arrivée, suivi de celui de la directrice des ressources humaines en fin de semaine dernière. À la suite de ces défections, le titre perdait à Wall Street vers 15 heures GMT près de 7 % à 252,24 dollars, le taux plus bas en cinq mois. Une chute du cours de l'action qui faisait aussi suite à une interview pour le moins étrange d'Elon Musk. Le milliardaire de 47 ans s'est en effet confié pendant près de deux heures au comédien et animateur Joe Rogan. Environ 90 000 personnes ont suivi l'émission diffusée en direct sur YouTube. « Cette interview soulève des questions supplémentaires sur le discernement d'Elon Musk », estime le site d'informations financières The Street.com.

 

Endormi au bureau

En août, Elon Musk avait révélé son état d'intense fatigue et de stress lors d'un entretien au New York Times, qui le décrivait comme « passant du rire aux larmes » au cours de la conversation. Des salariés ont raconté le trouver souvent endormi à leur arrivée à l'usine, où il passe ses nuits pour veiller à ce que le groupe atteigne les objectifs de production du Model 3, le véhicule d'entrée de gamme – 35 000 dollars de base – censé transformer Tesla en constructeur de masse. Pour cela, il s'est livré au début de l'été à une vaste réorganisation qui a semé le doute dans les esprits.

M. Musk a également relancé ces derniers jours la polémique avec le spéléologue britannique Vernon Unsworth qu'il avait accusé de pédophile en juillet. Ce dernier l'avait menacé de poursuites judiciaires.

Les interrogations sur sa fragilité mentale sont venues s'ajouter aux doutes des investisseurs sur la capacité de Tesla à remplir ses objectifs de production alors même que le groupe n'a jamais dégagé de bénéfices sur une année entière en quinze ans d'existence et brûle presque un milliard de dollars par trimestre.

La société a vu plus d'un cinquième de sa capitalisation boursière partir en fumée depuis un tweet du 7 août envoyé de sa voiture par Elon Musk évoquant un retrait prochain de la cote de Tesla et assurant qu'il disposait du financement pour réaliser cette opération. Ces déclarations ont engendré une tempête autour du groupe, le gendarme de la Bourse, la SEC, ouvrant une enquête.

 

Soupçon de manipulation de cours

Des révélations sur des rencontres et des discussions avec des dirigeants du Fonds public d'investissement d'Arabie saoudite (PIF) n'avaient pas réussi à apaiser les doutes de la communauté financière, ce qui avait contraint M. Musk à annoncer le 24 août qu'il renonçait à son projet.

Des investisseurs et des financiers ayant parié sur l'effondrement du titre Tesla ont déposé une plainte, accusant Elon Musk de manipulation de cours, tandis que l'enquête de la SEC est en cours. « Nous pensons qu'[Elon] Musk a tenté de manipuler le prix de l'action Tesla avec des tweets faux et trompeurs », accuse le financier américain Andrew Left, dont le fonds, Citron Research, a déposé une plainte contre le chef d'entreprise jeudi.

 

Rebond en bourse ce lundi

Le titre s'est envolé lundi de 8,46% à 285,50 dollars à la Bourse de New York.

Depuis le fameux tweet d'Elon Musk évoquant le 7 août la possibilité de retirer l'entreprise de la cote, l'action avait perdu 30% de sa valeur à la clôture vendredi soir.

Toutefois, ont souligné les analystes de Bernstein, "il y a eu peu de nouvelles informations sur les fondamentaux de l'entreprise". Au contraire, le constructeur "semble être en bonne voie de respecter ses prévisions sur la production du Model 3", sa nouvelle voiture destinée au grand public, "et sur son objectif d'atteindre un bénéfice net et un flux de trésorerie positif au deuxième semestre", ont-ils noté.

"Dans l'esprit de nombreux investisseurs, Musk est en roue libre et ne peut pas être contrôlé", ont souligné les analystes de Bernstein. "Mais Musk n'est pas un patron traditionnel" et "tant qu'il ne s'auto-détruit pas, nous pensons que les personnes ayant choisi d'investir dans Tesla doivent s'habituer à cette réalité."

© 2018AFP