Tesla poursuit un salarié pour vols d'informations

Tesla a saisi mercredi la justice américaine contre un salarié, accusé de vol d'informations confidentielles, une péripétie inopportune au moment où le constructeur de véhicules électriques est sous pression des marchés financiers pour honorer ses promesses de production.

La plainte a été déposée devant un tribunal du Nevada (ouest), état où réside cet employé, recruté en octobre 2017 dans la méga-usine de batteries de Tesla.

En tant que "technicien", Martin Tripp avait accès, selon le texte de la plainte consultée par l'AFP, à des documents "ultra sensibles" sur des secrets de fabrication des batteries équipant les voitures Tesla.

En mai dernier, il s'est vu affecter à un autre poste en raison de "mauvaises performances", affectation qu'il aurait mal digérée.

En représailles, il "a volé et illégalement piraté des informations confidentielles et commerciales de l'entreprise qu'il a transférées à des parties tierces, et en faisant de fausses déclarations dans le but de heurter l'entreprise", peut-on lire dans la plainte.

Contacté par l'AFP, Tesla n'a pas voulu commenter sur les "parties tierces" non nommées dans les documents judiciaires. Mardi, Elon Musk, l'emblématique PDG du groupe automobile, n'avait écarté aucune piste, rappelant que des financiers avaient spéculé sur l'effondrement de Tesla et avaient perdu récemment des milliards de dollars parce que leurs paris se sont avérés pour le moment infructueux.

Lors d'entretiens les 14 et 15 juin derniers avec la direction de Tesla, Martin Tripp aurait admis avoir hacké des gigaoctets d'informations, dont des photos et une vidéo sur les systèmes de production de Tesla, selon la plainte de Tesla consultée par l'AFP. Il se serait ainsi servi de trois ordinateurs attribués à d'autres employés de la société pour brouiller les pistes et pour continuer à transférer les données de Tesla même une fois parti de l'entreprise.

"Tripp a également fait de fausses déclarations aux médias", soutient encore Tesla, assurant que son employé a "faussement" affirmé que "des batteries cellulaires usagées ont été utilisées dans certains Model 3 alors qu'il est connu qu'aucune batterie cellulaire usagée n'a encore jamais été utilisée dans des voitures".

- Plusieurs fronts -

Le constructeur de véhicules californien demande des dommages et intérêts d'un montant spécifié, le remboursement de ses frais de justice et des mesures punitives contre Martin Tripp.

Sa plainte tombe à un moment critique, le groupe californien étant déjà engagé sur plusieurs fronts et la patience des marchés financiers, dont il était un des chouchous, étant à bout.

Investisseurs et experts lui demandent de respecter son nouvel objectif de produire 5.000 Model 3 par semaine d'ici la fin du mois après de nombreux retards de production.

Ce véhicule, dont le prix de base est de 35.000 dollars (environ 30.000 euros), a reçu 450.000 commandes nettes à fin mars et est censé faire de Tesla un constructeur automobile de masse.

Il est également la réponse à l'offensive tous azimuts des concurrents -- General Motors, Porsche, Volvo -- qui étoffent leur portefeuille de voitures "propres".

Le constructeur favori de stars, comme Leonardo di Caprio, essaie également de redorer son image, associée depuis plusieurs semaines à des accidents, dont certains mortels, impliquant dans des cas son aide à la conduite automatique Autopilot, aux déclarations intempestives de son fondateur ou à ses bras de fer verbaux avec les milieux financiers et les régulateurs.

Tesla est enfin engagé dans un vaste plan de restructuration comprenant la suppression de 9% de ses effectifs, soit près de 4.000 personnes, pour réduire ses coûts et espérer dégager le premier bénéfice de sa jeune histoire (15 ans).

A Wall Street, le titre gagnait 2,37% vers 18H30 GMT mercredi.

lo/jum/nth

© 2018AFP