Tesla maintient ses objectifs pour la Model 3

Un jour après avoir envoyé dans l'espace le Roadster, une voiture sportive, Tesla est redescendu sur Terre mercredi en annonçant maintenir les objectifs de production du Model 3, dont les retards de livraisons inquiètent les marchés.

Berline de milieu de gamme, vendue 35.000 dollars et dont le carnet de commandes est plein, le Model 3 est censé transformer Tesla en constructeur de masse avec un objectif de 500.000 voitures fabriquées en tout cette année, contre un peu plus de 100.000 l'an dernier.

Sa production rencontre des problèmes de "goulots d'étranglement" dans l'usine de batteries géante de Reno (Nevada, ouest) depuis plusieurs mois, ce qui a obligé Tesla à repousser à différentes reprises ses objectifs.

Il n'en a livré que 1.550 au quatrième trimestre, contre 4.100 exemplaires anticipés par les experts.

Mercredi, le groupe du flamboyant Elon Musk a confirmé le calendrier révisé début janvier en réitérant qu'il allait bel et bien produire 5.000 exemplaires du Model 3 par semaine à la fin du deuxième trimestre et 2.500 par semaine au premier.

"Cette annonce devrait dissiper les craintes des investisseurs, au moins pour le moment", a réagi Jessica Caldwell, experte au cabinet Edmunds.com.

Tesla s'est même voulu optimiste en laissant entendre que l'objectif initial de 10.000 unités par mois n'était pas hors de portée à moyen terme.

"Nous avons l'intention d'ajouter suffisamment de capacités pour atteindre le taux de 10.000 unités par semaine de Model 3 (produits) une fois que nous aurons franchi le seuil des 5.000 par semaine", avance le constructeur des véhicules électriques.

"Si nous pouvons envoyer un Roadster en orbite nous pouvons probablement résoudre (les problèmes) de production du Model 3", a ajouté Elon Musk lors d'une conférence téléphonique avec des analystes.

"A nos clients et ceux qui ont fait une réservation vous allez aimer vos voitures et nous travaillons pour vous les faire parvenir le plus rapidement possible", a assuré le milliardaire aux multiples casquettes, lié désormais à Tesla pour les dix prochaines années suite à un système de rémunération original.

 

Moins d'argent brûlé

Les espoirs reposant sur le Model 3 alimentent l'euphorie boursière autour de Tesla, permettant même au groupe de Palo Alto (Californie) de contester à General Motors la place de premier constructeur automobile américain par capitalisation boursière.

A Wall Street, le titre gagnait 0,35% à 346,21 dollars vers 23H30 dans les échanges électroniques suivant la clôture de la séance.

Si le constructeur de véhicules électriques a essuyé la plus grosse perte trimestrielle de son histoire au quatrième trimestre, il a toutefois brûlé beaucoup moins d'argent que ne redoutaient les milieux financiers.

Les flux de trésorerie (free cash flow) présentaient un bilan négatif de 276,8 millions de dollars, moins qu'au quatrième trimestre 2016, et ce alors même que Tesla fourmille de projets.

Il doit démarrer en 2020 la production d'un camion semi-remorque électrique dont il devrait construire également le réseau de stations de rechargement; lancer un petit SUV (4X4 urbain), une nouvelle version de la sportive Roadster et ouvrir un site industriel en Chine, premier marché automobile mondial.

Tesla, qui a reçu des avances de 1.000 dollars par Model 3 réservé et a commencé à en recueillir pour le camion, avait en mains par ailleurs, à la fin du trimestre, quelque 3,4 milliards de dollars de cash, soit 100 millions seulement en moins comparé à la fin du troisième.

Les analystes tablaient sur 2,5 milliards et craignaient en conséquence que le constructeur ne soit contraints de lever encore à court terme des fonds auprès des marchés via une nouvelle émission obligataire.

Côté résultats, le groupe a essuyé une perte nette trimestrielle de 675,4 millions de dollars, un record. Mais rapporté par action et hors éléments exceptionnels elle ne ressort qu'à 3,04 dollars contre 3,12 dollars attendus en moyenne par les marchés.

Sur l'année, le déficit est de 1,96 milliard de dollars, contre une perte nette de 674 millions en 2016. Tesla n'a jamais gagné d'argent depuis sa création en 2003.

Le chiffre d'affaires trimestriel a progressé de 44% à 3,3 milliards de dollars à cause d'un bon de 35% de ses livraisons de véhicules, et de 68% à 11,76 milliards pour l'année.

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