Tensions Etat-Nissan : l'apaisement avant un accord?

Les tensions entre le constructeur automobile japonais Nissan et l'Etat français sur l'influence de celui-ci au sein de Renault semblent en cours d'apaisement, a indiqué jeudi à l'AFP une source proche du dossier à la veille d'un conseil d'administration de la firme au Losange.

"Nous sommes prudemment optimistes quant à un accord" entre Nissan et l'Etat, a précisé cette source sous couvert d'anonymat, affirmant que "nous nous concentrons sur un accord qui rétablirait l'équilibre de l'alliance" entre les constructeurs automobiles Renault et Nissan.

A l'origine de ces tensions qui durent depuis huit mois figure la décision du gouvernement de faire monter l'Etat de 15 à 19,7% du capital de l'ancienne Régie nationale. Il a ainsi réussi à imposer l'application de la loi "Florange" qui récompense les actionnaires de long terme par l'octroi de droits de vote double.

Le coup de force a déplu à Nissan, dirigé comme Renault par Carlos Ghosn. Les deux entreprises sont liées depuis 1999, Renault détenant 43,4% du capital du constructeur japonais, tandis que ce dernier contrôle 15% des parts de Renault.

Toutefois, au titre de la réglementation sur l'"autocontrôle", Nissan ne jouit pas de droits de vote chez Renault bien que son activité soit aujourd'hui plus du double de celle de son partenaire. Selon la firme japonaise, l'influence accrue des pouvoirs publics français est de nature à déséquilibrer l'alliance.

Les négociations engagées entre le gouvernement et les représentants du constructeur nippon pour trouver un compromis acceptable par les deux parties semblent bien engagées, selon la source proche du dossier: l'Etat renoncerait à utiliser ses droits de votes doubles en dehors des "décisions stratégiques".

L'idée est de parvenir à "un accord sur les circonstances lors desquelles ces votes seront actionnés, et celles lors desquelles ils ne le seront pas", a-t-elle souligné.

Cette approche pourrait être compatible avec les récentes déclarations de M. Macron, qui avait dit mardi sa volonté de "sanctuariser la capacité de l'Etat sur des décisions structurantes" chez Renault.

Alors que les administrateurs de Renault se retrouvent vendredi en conseil ordinaire, la source proche du dossier a indiqué que les décisions sur lesquelles l'Etat français pourrait exercer ses votes doubles seraient par exemple "les fusions, cessions et acquisitions".

Elle a toutefois laissé entendre que des points restaient à résoudre avant un accord: "ce n'est pas un problème simple".

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