Taxes américaines: lourd impact pour la Slovaquie

La Slovaquie, numéro un mondial pour la production de voitures par habitant, risque d'être particulièrement frappée si Donald Trump met à exécution sa menace de taxer à 20% les importations d'automobiles européennes, estiment des analystes.

Seul Volkswagen vend aux Etats-Unis ses voitures fabriquées en Slovaquie. VW y a produit l'année dernière 361.776 voitures. 99,7% ont été exportées, dont 20% vers les Etats-Unis.

L'avertissement de Trump s'inscrit dans sa guerre commerciale avec l'UE qui a riposté par des taxes sur les jeans et les motos américaines à celles imposées par Washington sur l'acier et l'aluminium.

Sa petite phrase sur les voitures a fait chuter les cours des actions de Fiat Chrysler, Daimler et BMW, et fait passer un frisson en Slovaquie.

L'allemand Volkswagen, le français PSA et le sud-coréen KIA sont fortement implantés dans ce pays, entourés par plus de 300 fournisseurs de pièces et d'équipements. Au total, ils représentent plus de 300.000 emplois dans ce pays de 5,4 millions d'habitants, où Jaguar Land Rover ouvrira une usine en septembre.

En tête des exportateurs de voitures et de pièces détachées vers les Etats-Unis en termes de pourcentage du PIB, la Slovaquie risque gros.

"Notre ratio d'exportations automobiles outre-Atlantique vis-à-vis du PIB est le plus haut dans l'UE, et atteint jusqu'à 1,7%", indique l'Institut slovaque de politique financière (IFP) dans un rapport publié cette semaine.

"Une augmentation des droits de douane sur les importations de voitures (aux Etats-Unis) aurait le plus grand impact en Slovaquie", souligne-t-il.

L'industrie automobile représente 44% de la production industrielle slovaque et 35% de ses exportations.

Volkswagen y produit à Bratislava des modèles haut-de-gamme: Touareg, Audi Q7 et Porsche Cayenne.

L'année dernière, 1.001.420 voitures sont sorties des chaînes slovaques et la valeur des exportations a atteint 3,7 milliards d'euros. La production pourrait atteindre 1,35 million d'unités en 2020, selon des projections.

"Une taxation à 25% pourrait coûter à la Slovaquie environ 90 millions d'euros", prévoit l'IFP.

 

"Spéculations"

Elle "constituerait un défi pour les constructeurs slovaques cherchant à servir des acheteurs aux Etats-Unis", a dit à l'AFP le secrétaire général de l'Association de l'industrie automobile slovaque (ZAP), Jan Pribula.

Le ministre de l'Economie Peter Ziga a déclaré que la Slovaquie compterait sur un front uni de l'UE pour s'opposer à l'imposition de droits de douane sur l'automobile.

Les constructeurs étrangers présents en Slovaquie n'ont pas voulu commenter ce danger, un porte-parole de Volkswagen, Michal Ambrovic, soulignant qu'il s'agit pour le moment de "spéculations".

Le groupe PSA Slovaquie, qui fabrique à Trnava la Citroën 3 et la Peugeot 208, n'a pas voulu non plus évoquer la guerre commerciale, mais son porte-parole Peter Svec a souligné que son usine ne vendait pas de voitures aux Etats-Unis.

PSA a sorti en Slovaquie 335.296 voitures en 2017, dont 91% ont été vendues dans les pays de l'Union européenne, selon le rapport annuel du groupe.

Le porte-parole de KIA Slovaquie, Andrej Sahaj, a lui aussi confirmé que les ventes de la production locale du groupe coréen sont limitées à l'Europe.

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