Tavares veut rassurer les employés d'Opel sans s'engager

Le patron de PSA, Carlos Tavares, a refusé lundi de s'engager sur un maintien de l'emploi chez Opel et Vauxhall, au-delà des accords existants, mais affirmé qu'il ne serait pas nécessaire de fermer des usines si la productivité des deux marques s'améliore.

Face aux inquiétudes pour l'emploi au sein des activités européennes déficitaires de GM acquises acquiert, le dirigeant s'est voulu rassurant, estimant que fermer des usines serait une solution "simpliste", inutile si celles-ci respectent des objectifs de productivité.

M. Tavares a réaffirmé la promesse faite fin février, de respecter les accords existants. Chez Opel, ils incluent un engagement à ne procéder à aucun licenciement économique dans les usines allemandes d'ici fin 2018, ainsi qu'à investir dans ces sites au moins jusqu'en 2020.

Mais au-delà, il soigneusement évité de s'engager fermement à ne pas supprimer de postes où à ne pas fermer d'usine: "Ce sur quoi je m'engage, c'est à donner à l'ensemble de nos équipes les moyens de progresser pour qu'elles reviennent à un niveau de performance tel qu'elles soient protégées par la performance".

Lors d'une conférence de presse lundi matin, il a plusieurs fois énoncé le parallèle entre la situation actuelle d'Opel et Vauxhall, et celle de PSA, au bord du gouffre en 2013-2014, et redressé depuis grâce au plan stratégique qu'il a mis en oeuvre.

"C'est justement ce que nous avons appris qui nous permet de mettre ceci à disposition d'Opel et Vauxhall, pour qu'ils puissent à leur tour améliorer leur efficacité et leur performance économique sans avoir recours au moyen dramatique" que représente la fermeture d'une usine, a-t-il commenté.

"Par rapport à cette similitude, nous, nous disons (...) que nous pouvons aider Opel à accélérer sa reconstruction économique", a encore assuré M. Tavares.

Selon des documents présentés lundi matin lors d'une conférence avec des analystes, les usines de GM Europe souffrent actuellement d'un taux d'utilisation nettement inférieur aux sites de PSA: 82% contre 98%.

Le patron de PSA a dit vouloir "donner à Opel Vauxhall la possibilité de devenir plus forts et donc plus performants, et de ce fait, sans démagogie, ceci constitue une véritable protection". "Voilà ce à quoi je m'engage", a-t-il détaillé.

- 40.000 salariés -

Il s'est aussi voulu rassurant: "Depuis que j'ai pris la tête de PSA, nous n'avons pas fermé d'usine, nous donnons toujours une chance à l'humain et nous faisons confiance au talent humain".

Si l'usine d'Aulnay-sous-Bois (nord de Paris) a fermé en 2014, la décision avait été prise par la précédente équipe dirigeante de PSA, M. Tavares ayant rejoint le groupe cette même année.

Avec l'acquisition d'Opel et Vauxhall, ce sont onze usines européennes - six sites de montage et cinq dédiés à la production de pièces -, le centre d'ingénierie de Rüsselsheim en Allemagne, et 40.000 salariés qui vont rejoindre le groupe français.

En Allemagne, les représentants du personnel d'Opel se montrent pour le moment vigilants mais plutôt bienveillants à l'égard de PSA, tout en demandant à être consultés sur la suite des discussions.

"Les accords collectifs existants (en Allemagne, NDLR) apportent de la sécurité pour les sites de production et l'emploi dans cette importante période de transition", mais "les employés d'Opel (...) attendent une sécurité à long terme", a estimé Jörg Köhlinger, responsable du puissant syndicat allemand IG Metall.

Et dans un communiqué commun, la ministre allemande de l'économie, Brigitte Zypries, et les dirigeants des Etats régionaux de Rhénanie-Palatinat, de Hesse et de Thuringe, jugent "positif qu'il existe un engagement sur le maintien des sites (de production), des emplois et des investissements et sur le maintien d'Opel/Vauxhall en tant que marque autonome avec son propre management".

Ils estiment qu'"il reste cependant des pas à faire. Les contrats doivent être passés en revue de manière intensive, en particulier par les représentants du personnel. La transparence dans être assurée dans ce processus".

PSA a annoncé lundi l'acquisition pour 1,3 milliard d'euros d'Opel/Vauxhall, se plaçant ainsi sur la deuxième marche du podium des constructeurs européens derrière Volkswagen.

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