Tavares : "tout à fait normal" de durcir les normes d'émissions (+vidéo)

Le président du directoire du groupe automobile PSA, Carlos Tavares, juge "tout à fait normal et souhaitable" que les normes d'émission des véhicules soient "durcies", mais il prévient que "c'est une mutation lourde de conséquences".

"Les gouvernements ont pris la décision scientifique de demander aux constructeurs d'aller vers l'électrique. Cette instruction est très claire, elle est visible dans les objectifs de C02 qui nous sont imposés par l'Union européenne", a déclaré M. Tavares samedi sur France Inter.

Pour le patron de PSA, "c'est tout à fait normal et souhaitable" que les normes soient durcies car "il faut avancer vers la mobilité totalement propre".

Mais il souligne que "ce qui fait débat aujourd'hui, c'est la vitesse à laquelle il faut transformer l'ensemble de l'industrie automobile en Europe (...) pour atteindre des objectifs particulièrement sévères à l'horizon 2030".

"La mutation qui nous est proposée est une mutation lourde de conséquences", selon M. Tavares.

Il a notamment pointé le coût de la "mobilité propre". "C"est comme la nourriture bio, c'est plus cher", a-t-il dit. "En tant que citoyens, soit nous acceptons de payer la mobilité propre plus cher, soit nous mettons l'industrie automobile européenne en difficulté", a-t-il estimé.

Le Parlement européen doit se prononcer le 3 octobre sur les normes de CO2 pour 2030, a rappelé le dirigeant de PSA.

Un autre sujet est celui des batteries qui représentent 40% du coût d'une voiture électrique et qui "sont aujourd'hui un monopole asiatique des Coréens, des Chinois et des Japonais", a-t-il indiqué.

"Nous sommes, nous le groupe PSA, un ardent supporter de (la) démarche de créer un champion européen de la batterie pour équilibrer la situation asiatique dominante", a-t-il affirmé, en ajoutant que "c'est il y a dix ans qu'il aurait fallu lancer ça".

La question des batteries est également posée par le président de la Plateforme automobile (PFA), Luc Chatel, qui pointe "le risque d'un déplacement d'une partie très significative de la chaîne de valeur vers l'Asie".

"Peut-on conserver les savoir-faire en Europe ou s'embarque-t-on dans un suicide collectif de l'industrie automobile européenne?", demande-t-il, dans un entretien samedi au Figaro.

C'est "tout l'enjeu des efforts de R&D que les Européens doivent consentir pour travailler sur une nouvelle génération de batteries", ajoute Luc Chatel.

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