Suzuki: bénéfice net 1T en chute

Le constructeur japonais de petites voitures et deux-roues Suzuki, dans lequel le fonds d'investissement américain Third Point vient d'investir, a publié lundi un bénéfice net trimestriel en chute de 15,5% à cause d'éléments exceptionnels.

Au cours du premier trimestre de l'exercice 2015-2016 (avril-juin), le résultat net s'est établi à 31,7 milliards de yens (236 millions d'euros au taux de change retenu par le groupe), à comparer à un record de 37,5 milliards un an plus tôt, en raison d'"ajustements des profits" versés aux sociétés mères des firmes dans lesquelles il détient des parts.

Abstraction faite de ce facteur exceptionnel, Suzuki a affiché des résultats tout à fait honorables: son bénéfice d'exploitation a progressé de 8,3%, à 55,16 milliards de yens, pour un chiffre d'affaires en hausse de 8,8%, à 772,85 milliards de yens (5,7 milliards d'euros).

Dans le seul segment de l'automobile (90% de son activité), Suzuki a écoulé quasiment autant de véhicules qu'un an plus tôt, soit 688.000 unités. Au Japon, les ventes ont été plombées par la chute des livraisons de voitures produites pour d'autres constructeurs (OEM), mais ces médiocres résultats ont été compensés par l'étranger, Inde en tête.

Suzuki a rencontré en revanche des difficultés dans la division des deux-roues (-13% en volume), en particulier en Asie, tandis que les produits nautiques ont vu leurs recettes s'envoler de 27% grâce au succès des moteurs de hors-bord aux Etats-Unis.

Avant la publication de ces résultats, le titre du groupe avait bondi de 3,40% à 4.467,5 yens à la Bourse de Tokyo à la suite de l'annonce d'une entrée dans son capital de Third Point LLC, fonds d'investissement du milliardaire et activiste américain Daniel Loeb.

"Avec à l'horizon la résolution d'un contentieux avec l'allemand Volkswagen" et une amélioration de la situation économique en Inde, "Suzuki semble aujourd'hui sous-évalué", estime le fonds dans une lettre aux investisseurs, sans préciser le montant de son investissement.

Un partenariat technologique avec échange de parts signé en 2009 entre Suzuki et Volkswagen avait vite mal tourné, les deux s'accusant mutuellement d'avoir enfreint les clauses contractuelles qui les liaient. Suzuki souhaite depuis reprendre les 19,86% de son capital qu'avait acquis Volkswagen (VW).

Ce conflit, "qui a visiblement paralysé la compagnie", devrait se régler prochainement devant les tribunaux, se félicite Third Point.

Pour le fonds new-yorkais, la richesse de Suzuki réside principalement dans sa "position dominante en Inde" grâce à la part de 56% détenue dans le premier constructeur national, Maruti Suzuki, "au réseau inégalé de concessions et boutiques, fournissant un service fiable et à bas coûts".

Le marché de l'automobile en Inde offre un potentiel de croissance important avec actuellement "moins de 2% de la population possédant une voiture", poursuit le fonds américain.

Il souligne en outre que la conjoncture est redevenue favorable dans le pays, "après une longue période de ralentissement", sous l'impulsion du Premier ministre Narendra Modi.

La décision de Third Point - qui a récemment investi dans un autre groupe japonais, le spécialiste des robots industriels Fanuc -, intervient alors qu'Osamu Suzuki, patron pendant 37 ans du constructeur, vient de passer la main à son fils Toshihiro, tout en restant président du conseil d'administration.

Pour l'ensemble de l'exercice clos fin mars 2016, Suzuki a maintenu ses précédentes projections. Il anticipe un chiffre d'affaires en hausse de 2,8%, à 3.100 milliards de yens (24,8 milliards d'euros). Le gain opérationnel est attendu à 190 milliards de yens (+5,9%), et le bénéfice net à 110 milliards (+13,6%).

anb/kap/mcj

© 2015AFP