"Je n'ai pas le droit d'interdire ces voitures mais je peux agir pour limiter leur présence", a-t-elle dit vendredi en conférence de presse pour expliquer la proposition faite aux Parisiens lors de cette votation.
La question posée aux Parisiens inscrits sur les listes électorales sera donc: "pour ou contre la création d'un tarif spécifique pour le stationnement des voitures individuelles lourdes, encombrantes et polluantes?"
Si le "pour" l'emporte, le "tarif spécial pour les gros véhicules" rassemblés sous le sigle SUV (pour "sport utility vehicle", tout-terrain de loisir) sera de 18 euros l'heure pour les arrondissements centraux (du Ier au XIe) et 12 euros pour les arrondissements extérieurs (du XIIe au XXe), a précisé son adjoint aux mobilités David Belliard (EELV).
Dans sa proposition, la mairie a fixé les seuils de poids pour appliquer ces tarifs à "1,6 tonne pour les véhicules thermiques et hybrides" et "2 tonnes pour les véhicules électriques", qui sont tout de même "polluants avec leur système de freinage et les pneus", a indiqué Anne Hidalgo.
Cette mesure ne devrait donc pas concerner tous les SUV: les modèles plus vendus sur le marché, comme les Peugeot 2008 et 3008, le Renault Captur ou le Dacia Duster passent pour la plupart sous la barre de 1,6 tonne, selon les versions.
Par contre, de gros SUV comme certains Volkswagen Tiguan, le Ford Kuga, des Renault Espace ou des Range Rover devraient bien payer plus pour stationner en surface.
Si le "pour" l'emporte, les résidents parisiens, les professionnels dits sédentaires et chauffeurs de taxi dans leurs zones dédiées, les artisans et les personnes à mobilité réduite ne seront pas concernés par la nouvelle mesure, a précisé Mme Hidalgo.
De même, le stationnement restera gratuit pour les SUV comme les autres véhicules le soir après 20H00 - jusqu'à 09H00 le lendemain - et le dimanche, a-t-elle précisé.
10% du parc
L'initiative de la mairie "vise à accélérer cette transition écologique dans laquelle nous nous attaquons à la pollution de l'air" car "plus c'est gros, plus ça pollue", a dit l'élue socialiste à propos des SUV.
Outre cette question de santé, "limiter la présence" des SUV vise à améliorer "la sécurité routière, car plus c'est gros, plus il y a des risques d'accident", a justifié Mme Hidalgo.
La "troisième raison" avancée est de "mieux partager l'espace public".
M. Belliard met en avant un "outil de justice sociale, car les véhicules les plus chers, les plus luxueux, sont occupés par les personnes les plus aisées".
La Ville souligne que "la taille et le poids moyens des véhicules n'ont eu de cesse d'augmenter en raison du développement exponentiel des SUV" qui représentent selon elle "désormais 40% des ventes".
Selon M. Belliard, les voitures thermiques et hybrides de plus de 1,6 tonne représentent "à peu près 10% du parc" automobile fréquentant la capitale.
A périmètre constant, sur environ 70.000 tickets de stationnement de voiture générés chaque jour, 7.000 SUV seraient donc concernés, a-t-il précisé à l'AFP.
Selon Mme Hidalgo, ces augmentations de tarifs pourraient apporter un supplément de recettes de 35 millions d'euros à la Ville.
La votation se déroulera dans 36 lieux de vote, sans procuration ni vote électronique, de 09H00 à 19H00.
Dans un vote non contraignant, le Conseil de Paris avait déjà adopté en juin l'idée, brandie par les écologistes, d'augmenter les tarifs de stationnement pour les SUV.
Quand Mme Hidalgo a annoncé la votation mi-novembre, son opposition de droite a dénoncé une "manoeuvre dilatoire" pour faire "diversion" après son voyage controversé à Tahiti.
Cette votation sera la deuxième organisée par la mairie après celle sur les trottinettes électriques en libre-service, en avril.
Cette première avait réuni un peu plus de 100.000 votants, soit 7,46% des inscrits, qui avaient massivement rejeté (89,03%) ce mode de transport.
Il a depuis disparu des rues parisiennes.
pyv-tmz/bfa/or