Smart: "Daimler a une responsabilité" selon la ministre

Le constructeur allemand Daimler, qui se sépare de son usine Smart à Hambach (Moselle), a une "responsabilité envers l'ensemble des personnes qui travaillent sur le site", a considéré jeudi la ministre déléguée à l'Industrie Agnès Pannier-Runacher, en visite sur place.

"Daimler a une responsabilité, cette responsabilité est envers l'ensemble des personnes qui travaillent sur le site", soit 1.600 salariés dont 700 sous-traitants, a indiqué la ministre après une rencontre avec la direction, puis les organisations syndicales.

Les dirigeants du constructeur allemand "doivent à ces salariés qui ont su s'adapter, qui se sont formés, qui ont été très vite pour réorganiser les lignes de production, la même exigence que celles dont les salariés ont fait preuve lorsqu'ils se sont adaptés", a-t-elle ajouté.

Daimler, propriétaire des marques Mercedes et Smart, a annoncé début juillet vendre l'usine de fabrication de la petite citadine électrique, en raison de difficultés financières liées à l'épidémie de Covid-19.

"La crise que nous traversons sur le secteur automobile est majeure, (...) mais ce n'est pas parce que vous avez une réalité de crise qu'il faut sacrifier les usines les plus productives de votre portefeuille", a estimé la ministre.

Le britannique Ineos s'est dit intéressé par la reprise du site de Smartville pour y produire son futur 4X4 thermique, le Grenadier.

"La solution Ineos est une solution intéressante, mais de mon point de vue elle n'épuise pas le sujet. Je pense qu'on peut demander à Daimler de regarder dans son activité, qui est l'activité d'une grande entreprise - certes qui traverse une crise de l'automobile très majeure, mais néanmoins qui a des forces - s'il n'y a pas des fabrications, des missions qui peuvent être confiées à Hambach", a développé Mme Pannier-Runacher, qui a déjà rencontré la semaine dernière à Bercy les syndicats et des élus inquiets.

La semaine dernière, le patron du groupe allemand Ola Källenius avait indiqué rechercher pour le site mosellan "une perspective" qui "préserve un maximum d'emplois".

Le gouvernement français a mandaté un cabinet de conseil pour réaliser une contre-expertise sur le projet de vente par Daimler de l'usine, qui fabrique des Smart depuis 1997.

L'intersyndicale (CGT, CFE-CGC, CFDT, CFTC et FO) espère que la ministre parviendra à "obliger (Daimler) à maintenir les garanties qu'ils avaient promises" sur le maintien des emplois, a réagi à l'issue de la réunion Emmanuel Benner, représentant CFTC.

Les syndicats ont échangé jeudi matin avec des représentants d'Ineos "super motivés qui nous ont expliqué leur projet. On a décidé de collaborer avec eux", a relaté M. Benner, redoutant néanmoins que le plan industriel britannique n'intègre pas l'ensemble des salariés.

Les syndicats ont également discuté par visioconférence avec le patron de Daimler qui "ferme plutôt les portes au fur et à mesure en disant qu'à partir de 2024, ce n'est plus son problème", a indiqué M. Benner.

"On n'acceptera pas cette réponse: il faut qu'il s'engage sur du plus long terme pour la garantie de l'emploi", a-t-il estimé.

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