Six mois d'incertitudes et de tensions pour l'équipementier GM&S

Manifestations, blocage du site et négociations se succèdent depuis six mois pour la survie de l'équipementier automobile GM&S, pour lequel aucun repreneur n'a fait d'offre de reprise dans les délais fixés à mercredi.

Deuxième employeur privé de Creuse avec près de 300 salariés, GM&S, dont les deux principaux clients sont les constructeurs français Renault et PSA, constitue le premier gros dossier social à gérer pour le gouvernement d'Édouard Philippe et son ministre de l'Économie Bruno Le Maire.

Redressement judiciaire

Spécialisée dans l'emboutissage, l'assemblage et la tôlerie, l'entreprise GM&S Industry (ex-Altia), qui emploie 277 personnes dans la commune de La Souterraine (Creuse) est placée en redressement judiciaire le 2 décembre 2016 par le Tribunal de commerce de Poitiers.

Le site industriel, qui avait été repris en 2014 par un entrepreneur italien, risque la liquidation judiciaire faute de trésorerie suffisante.

Mobilisations

Le 6 janvier, François Hollande est accueilli lors d'un déplacement à Brive par 200 salariés. Le 23 janvier, une cinquantaine d'entre eux bloquent l'autoroute A20 et, deux jours plus tard, les accès à des sites de Renault et de PSA dans l'Yonne et dans l'Allier.

Sursis

Le tribunal de commerce de Poitiers décide le 1er février de prolonger la période d'observation pour l'entreprise en redressement jusqu'au 23 mai. "Un sursis supplémentaire bienvenu", commente le délégué CGT, Vincent Labrousse.

Le Premier ministre Bernard Cazeneuve promet le 10 février que son gouvernement mettra "tout en oeuvre" pour redonner une "perspective industrielle" à GM&S.

Blocage

Après s'être invités à Paris sur les Champs-Elysées, 150 salariés de GM&S bloquent l'accès de l'usine PSA de Poissy (Yvelines) le 19 avril pour réclamer davantage de commandes. "La production se fait normalement", affirme la direction de PSA qui se fait toutefois livrer des pièces par hélicoptère.

Négociations

Réunion au ministère de l'Économie, le 27 avril, en présence des représentants syndicaux et des représentants des constructeurs Renault et PSA.

"Renault et PSA ont décidé de débloquer leur production et de mettre le curseur de notre côté pour certaines productions", déclare M. Labrousse. Les discussions s'enchaînent les jours qui suivent pour tenter de sauver le site.

Échec

Le 10 mai, les représentants syndicaux annoncent "l'échec des négociations". Dès le lendemain, des salariés commencent à détruire du matériel: ils découpent en deux une presse et écrasent une machine-outil. Selon la CGT, l'usine a été "piégée" à l'aide de bonbonnes de gaz et de bidons d'essence.

Manifestation

Le 16 mai, Jean-Luc Mélenchon et Philippe Poutou participent avec plus d'un millier de personnes à une manifestation de soutien organisée par la CGT à La Souterraine après une table ronde infructueuse entre syndicats, constructeurs et élus.

Efforts de Bercy

Le nouveau ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, s'engage le 19 mai à déployer "tous les efforts nécessaires pour garantir l'accroissement des commandes" des constructeurs automobiles clients de GM&S.

Après s'être entretenu avec leurs dirigeants, il annonce que Renault devrait doubler ses commandes pour les porter de 5 à 10 millions d'euros et PSA les augmenter de 10 à 12 millions d'euros.

Nouveau répit

Le tribunal de commerce de Poitiers prolonge jusqu'au 30 juin la période d'observation de l'entreprise, le temps d'examiner les options de reprise à déposer au plus tard le 7 juin. Il fixe au 23 juin une nouvelle audience.

Les salariés annoncent le "déminage" du site et réclament une entrevue avec le président Macron attendu le 9 juin dans la région.

Pas d'offre de reprise

Le 8 juin, les syndicats font savoir qu'aucun repreneur ne s'est officiellement présenté dans les délais impartis. Ils précisent qu'il y a "juste eu un échange de mails" avec le leader français de l'emboutissage GMD, un temps cité comme potentiel repreneur. Déçus, ils expriment leur détermination à poursuivre leur combat.

L'incertitude demeure sur la réponse de l'Elysée à la demande de rencontre de l'intersyndicale le 9 juin.

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