Semi-conducteurs: débat autour du rachat chinois d'un groupe britannique

Le rachat du plus grand fabricant britannique de semi-conducteurs par un groupe chinois passe mal au Royaume-Uni dans les rangs conservateurs, le Premier ministre Boris Johnson se mêlant même de l'affaire.

Nexperia, société néerlandaise de semi-conducteurs mais appartenant au chinois Wingtech, a annoncé lundi avoir bouclé l'acquisition du gallois Newport Wafer Fab.

Le montant n'a pas été dévoilé mais la chaîne américaine CNBC croit savoir qu'il atteint 63 millions de livres.

Ce rachat a relancé le débat autour de l'intérêt porté par la Chine envers certains secteurs stratégiques au Royaume-Uni, un an après la décision du gouvernement d'exclure l'équipementier Huawei du réseau 5G.

Les semi-conducteurs sont en outre un domaine devenu très sensible puisque la pandémie a entraîné une pénurie de puces électroniques ce qui cause de gros problèmes d'approvisionnement qui touchent en particulier l'industrie automobile.

Ce rachat fait grincer des dents au sein du parti conservateur, le député Tom Tugendhat ayant estimé sur Twitter que valider cette opération ne serait pas cohérent avec "les commentaires faits aux côtés de nos alliés américains et les autres lors du G7".

Ce sommet en Cornouailles avait permis aux Etats-Unis de faire leur retour sur la scène internationale et de préparer la riposte, via un plan d'infrastructures, aux risques posés par l'influence de la Chine.

Face aux émois conservateurs, Boris Johnson a déclaré mercredi que les autorités britanniques "allaient regarder à nouveau" la transaction.

"Nous devons juger si ce qu'ils fabriquent a une vraie valeur en termes de propriété intellectuelle (...) et s'il y a des implications pour la sécurité" nationale, a argumenté le Premier ministre, semblant faire volte-face après les critiques reçues et de premières réactions gouvernementales.

Un porte-parole de Downing Street avait en effet déclaré mardi "continuer à suivre la situation de près", mais estimé qu'il n'était pas approprié d'intervenir pour l'instant.

"J'ai demandé aux conseillers sur la sécurité nationale de regarder" cette transaction, a insisté le dirigeant.

Tom Tugendhat s'étonnait notamment que le gouvernement se tienne en retrait malgré la nouvelle loi sur la sécurité nationale et l'investissement (National Security and Investment Act).

Cette dernière a doté le Royaume-Uni de nouveaux pouvoirs afin d'empêcher des entreprises étrangères de racheter des actifs stratégiques pour la sécurité nationale.

Nexperia, qui était déjà actionnaire de Newport avant le rachat, explique que le site au Pays de Galles pourra compléter ses autres implantations à Manchester (nord de l'Angleterre) et à Hambourg en Allemagne.

"Nexperia a des projets de croissance ambitieux et l'apport de Newport va aider à répondre à l'augmentation de la demande pour les semi-conducteurs", souligne Achim Kempe, responsable des opérations pour la société néerlandaise.

Paul James, le directeur du site de Newport, a lui salué une "grande nouvelle pour le personnel ici à Newport et pour le monde des affaires dans la région, puisque Nexperia va apporter de l'investissement et de la stabilité, ce qui était vraiment nécessaire".

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