Sécurité routière: retour sur l'atelier MAP du 3 décembre

Le 3 décembre le MAP a organisé un Atelier sécurité routière intitulé «Somnolence et distraction au volant : quelles solutions pour rester vigilant ? Cet événement, qui a réuni plus de 100 personnes, s’est tenu dans l’auditorium de la Fédération française de l’assurance (FFA), en partenariat avec l’ASFA (Association des sociétés françaises d’autoroutes), Assurance Prévention qui regroupe les assureurs et l’ANEA (Alliance nationale des experts en automobile).

L’objectif était de mettre en avant les grands enjeux posés par la somnolence et les distractions au volant dans le but de dégager des pistes possibles d'amélioration. 

Pour Laurent Hecquet, directeur général du MAP, cette problématique, dont on ne parle pas assez et sur laquelle l’axe réglementaire n’a que peu d’emprise, constitue assurément un véritable gisement de sécurité routière qui nous concerne tous et sur lequel il est possible d’agir malgré tout. 

Car au-delà du réseau des autoroutes sur lequel un accident mortel sur trois est associé à la somnolence et la distraction (20% des accidents mortels sont le fait de conducteurs somnolents et 15% des accidents mortels sont liés à l'usage des distracteurs GPS, Smartphones, tablettes, TV ...), le réseau secondaire est lui aussi fortement concerné, même si ce genre de cause est en réalité bien difficile à établir après coup.

Sur autoroute, ces chiffres sont d'autant plus inquiétants que ces deux facteurs d'accidents mettent quotidiennement en danger les équipes en intervention : 132 accidents en 2018 et 10 agents blessés.

Par ailleurs, une étude menée par Assurance Prévention, auprès d’un échantillon représentatif de 1502 parents ayant au moins un enfant de moins de 15 ans et 500 enfants âgés de 6 à 12 ans, révèle que 87 % des parents déclarent avoir déjà eu un comportement à risque avec leurs enfants à bord du véhicule (conduire en étant fatigué pour 52 %, conduire plus de 2 heures sans faire de pause pour 47 % et utiliser son téléphone portable pour 38 %). Autant de comportements qui non seulement peuvent entraîner des accidents mais aussi transmettre de mauvaises attitudes aux enfants.

Le programme proposé lors cet Atelier a permis d’apprécier différentes interventions de très grande qualité et parfaitement complémentaires.

Une première table ronde " Constat sur des conducteurs de moins en moins connectés à la conduite" a permis d'écouter les différents témoignages et résultats d'études formulés par Nathalie Irisson, secrétaire générale d’Assurance Prévention, par des représentants de sociétés d’autoroutes ( Christine Allard de la SANEF, Bernadette Moreau de Vinci autoroutes et Claire Dufossé d’APRR) et par un sociologue des comportements Thierry Tricard du cabinet Gatard et Associés. (Echanges table ronde)

 

Dans un second temps, Laurent Karila (psychiatre et porte-parole de l'association SOS Addictions) et Frédéric Saldmann (médecin cardiologue et nutritionniste) ont pu nous faire partager, chacun dans leur spécialité, leur vision scientifique quant à l’impact de certains comportements de notre quotidien. 

 

Puis une seconde table ronde composée de 2 parlementaires Damien Pichereau et Philippe Gosselin, de la porte-parole de la gendarmerie nationale Maddy Scheurer, d’un représentant de la FFA Stéphane Penet et du délégué général de l’ASFA Christophe Boutin, a permis d’aborder la réglementation et les attentes des acteurs de la sécurité routière présents. (Echanges table ronde)

 

Enfin un quatrième temps a été consacré à l'aspect "Sensibilisation et Action". Au cours de ce thème, introduit par Eric Lemaire, président de l'association AXA prévention, 4 startups (SmartphonersToucangoPhasya et Ellcie Healthy) ont présenté les solutions technologiques qu’elles ont développées et qu'elles proposent pour accompagner les conducteurs. (Echanges table ronde)

 

La conclusion de la matinée a été demandée à Emmanuel Barbe, Délégué interministériel à la sécurité routière. Après avoir exprimé toute sa satisfaction de voir, au travers de cette initiative du MAP, des grands partenaires de la sécurité routière (ASFA, Assurance Prévention, ANEA) réunis pour travailler conjointement sur un sujet aussi crucial et actuel, le Délégué a pu évoquer l’importance portée par la DSR face à la problématique croissante de la distraction au volant. Affirmant toute la difficulté de lutter contre un phénomène de société qui relève d’une addiction de plus en plus forte et qui concerne toutes les catégories d’usagers (y compris les piétons), et constatant toute la limite de la suggestion et de la sensibilisation via des systèmes et applications qui proposent de limiter l’usage dans certaines circonstances, Emmanuel Barbe a exposé d’autres voies plus répressives qui doivent être mises prochainement en œuvre. Quant à la somnolence qui représente un champ bien plus complexe à traiter car impossible à réprimer, le Délégué reconnait que la technologie peut être d’un très grand secours pour apporter une réponse, en pensant à une mise en œuvre sur l’intégralité du parc roulant constitué de plus de 32 millions de véhicules. C’est ce qui a motivé la DSR à créer un prix de la sécurité routière qui vise à encourager et porter les initiatives. Ceci est d’autant plus important face au sujet particulièrement délicat du vieillissement de la population pour lequel l’imposition de mesures trop contraignantes pouvant mener à une interdiction de circuler n’est pas une réponse forcément adaptée et efficace. 

Pour en savoir plus sur le contenu des interventions et revivre l’intégralité de l’Atelier, nous travaillons à l'élaboration d'une restitution exhaustive et qualitative de tous les échanges intégrant l’ensemble des séquences vidéo correspondantes. Ainsi, les Actes seront très prochainement disponibles et téléchargeables, aux côtés des Actes des Ateliers précédents, depuis la boutique de notre site internet. 

Nous tenons à remercier l’ensemble des intervenants pour leur disponibilité et leur contribution ainsi que nos partenaires, l’ASFA, Assurance Prévention et ANEA, qui nous ont fait l’honneur de nous accompagner dans l’organisation et la conduite de cet Atelier.