Sécurité routière: le nombre de morts en baisse de 21,4% en 2020

Jamais, depuis l'après-Guerre, aussi peu de personnes ont été tuées sur les routes de France métropolitaine qu'en 2020 (2.550), un bilan cependant en trompe-l'oeil car lié à la crise sanitaire qui a entraîné une réduction de la circulation et une modification des habitudes de déplacement.

Le nombre annuel de morts n'était auparavant jamais passé sous la barre symbolique des 3.000 et le précédent plus bas datait de l'année précédente quand 3.244 personnes étaient décédées.

Près de 700 vies ont donc été épargnées par rapport à 2019, soit une baisse de 21,4% selon les chiffres annoncés vendredi par la Sécurité routière, qui "prend ce bilan avec du recul car il est largement lié aux restrictions de déplacement" prises pour freiner l'épidémie de Covid-19.

Les associations interrogées par l'AFP dressent un constat encore plus sévère. Anne Lavaud, déléguée générale de la Prévention routière, estime ainsi qu'"analyser ces chiffres est presque un non sens" et rappelle l'objectif, fixé en 2010, de passer en 2020 sous le seuil des 2.000 morts.

"Il n'y a pas pas beaucoup de conclusions à tirer d'une année aussi improbable, même si le bon sens conduit à se réjouir que moins de personnes aient perdu la vie sur la route", déclare pour sa part Pierre Chasseray, délégué général de 40 millions d'automobilistes.

Pour Chantal Perrichon, présidente de la Ligue contre la violence routière, "il est difficile de se réjouir de chiffres qui ne sont pas dus aux progrès de la sécurité routière mais uniquement au fait que les gens ont moins roulé".

A titre d'exemple, en avril, où les Français ont été totalement et strictement confinés, le trafic avait chuté de 75%, selon le Centre d'études et d'expertise sur les risques, l'environnement, la mobilité et l'aménagement (Cerema), quand la mortalité routière avait baissé de 55,8% (103 décès).

L'année écoulée a par ailleurs été marquée par une hausse des grands excès de vitesse, de 21% pour ceux supérieurs de 50 km/h à la vitesse maximale autorisée (VMA) et de 14,6% pour ceux situés entre 40 et 50 km/h à la VMA.

"L'explication selon laquelle les usagers ont profité d'une route dégagée pour se lâcher, avancée lors du premier confinement, tient moins pour le deuxième. Ces chiffres sont inquiétants et tendent à montrer un relâchement des comportement", estime Marie Gautier-Melleray, Déléguée à la sécurité routière.

 

Cyclistes et moins de 18 ans 

Elle s'alarme également des indicateurs dont la baisse est moins importante que celle de la mortalité générale.

Comme celle en Outre-mer (232 morts, -8,7%), une diminution moindre qui ne s'explique "pas forcément seulement car les DOM-TOM ont été moins impactés par les restrictions de déplacement".

La mortalité des moins de 18 ans est elle stable (153 morts), un constat "qui nous alerte pour le futur" et pour lequel la Sécurité routière est "encore dans la recherche d'explications puisque les chiffres sont provisoires".

Le bilan définitif est attendu dans quelques mois mais Mme Gautier-Melleray avance comme piste possible l'impact des deux accidents tragiques, dans la Drôme et l'Aisne, qui ont coûté la vie à neuf enfants au total à une semaine d'intervalle fin juillet.

Le nombre de cyclistes tués a lui diminué de 7% (174 morts) et "cette baisse masque des disparités assez fortes suivant les mois": ceux de juillet (29 décès) et septembre (37) sont les plus mortels toutes années confondues.

Avec la pandémie, de nombreux usagers ont délesté les transports en commun pour privilégier la marche à pied ou la bicyclette, dont l'essor entraîne, en agglomération notamment, un nouveau partage de la route qui reste à apprivoiser.

Aussi, souligne Anne Lavaud, "plus qu'en tirer des leçons, nous prenons 2020 comme une année un peu charnière en terme d'évolution des mobilités qui induit des changements en terme de prévention du risque routier".

© 2021AFP