Sécurité routière: la Cour des comptes étrille les politiques trop punitives

L'efficacité des politiques de sécurité routière en France a atteint depuis 2013 "un plateau", alerte jeudi dans un rapport la Cour des comptes qui plaide pour une approche "plus globale" et moins centrée sur les "comportements" des usagers.

La mortalité routière, grande cause nationale depuis 1999, a drastiquement chuté en un demi-siècle sur les routes de France, passant de 18.000 morts en 1972 à 3.500 en 2019.

La baisse s'est particulièrement accélérée entre 2008 et 2013, avec un nombre de morts par million d'habitants passé de 69,4 à 52,2. Mais, depuis, cet indicateur-clé stagne et la position de la France dans le classement européen a dégringolé en dix ans du 7e au 14e rang.

La Cour des comptes cible une doctrine française centrée "par défaut" sur les comportements des usagers, notamment sur la question de la vitesse, avec l'introduction de mesures emblématiques comme les contrôles radar (2003) ou l'abaissement de la vitesse maximale autorisée de 90 à 80 km/h sur les routes secondaires (2018).

Pour "franchir une nouvelle étape", elle appelle la France à imiter ses voisins européens en adoptant des "stratégies plus globales", en se concentrant davantage sur les infrastructures routières, la pédagogie et l'inclusion des collectivités locales.

La Cour s'alarme également d'une baisse estimée à 40% de la présence des forces de l'ordre sur le bord de la route.

Cette tendance, expliquée par l'automatisation des contrôles de vitesse et une redéfinition des priorités sécuritaires (terrorisme, crise sanitaire), ne permet pas, selon elle, d'amélioration sur les risques liés à l'alcool, aux stupéfiants et autres facteurs de conduite dangereuse.

Sur le plan de l'efficacité et de la lisibilité budgétaire, la Cour des comptes plaide pour l'adoption par le Parlement de programmes à périodicité fixe, par exemple de plans quinquennaux, plutôt que de poursuivre un égrainage de mesures par l'exécutif.

En 2019, l'ensemble des dépenses de l'Etat pour les politiques de sécurité routière s'est élevé à 3,7 milliards d'euros.

En proportion, et loin de l'idée populaire qu'elle représenterait une "manne" pour les finances publiques, l'ensemble des recettes liées à la perception des amendes a atteint cette année-là un peu plus de un milliard d'euros.

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