Russie: les constructeurs espèrent un rebond en 2017

Après quatre ans de marche arrière, un nouveau départ ? Les constructeurs automobiles veulent croire à un rebond de leurs ventes en Russie en 2017, sans illusion tant ce marché a été fragilisé par la crise.

Leur fédération, l'Association of European Businesses (AEB), a indiqué jeudi prévoir une hausse de 4% des ventes de voitures neuves cette année, après une baisse de 11% en 2016 à 1,42 million d'unités et un effondrement de plus de 50% par rapport à leur record de 2012.

"L'année a été une nouvelle fois difficile mais nous avons vu poindre la lumière au bout du tunnel en fin d'année", a expliqué Joerg Schreiber, président du comité automobile de l'AEB, lors d'une conférence de presse.

Avec plus de 140 millions d'habitants et un taux d'équipement inférieur aux autres pays européens, la Russie a longtemps représenté un eldorado pour les géants mondiaux du secteur qui y ont investi massivement, comme le français Renault devenu premier actionnaire du constructeur des Lada, Avtovaz.

Mais la crise économique qui a frappé le pays il y a deux ans à cause de la chute des prix du pétrole et des sanctions liées à la crise ukrainienne, a mis fin à l'euphorie.

Au deuxième rang en Europe après l'Allemagne en 2012, le marché automobile russe, très sensible à l'évolution du taux de changes et du pouvoir d'achat des ménages, se trouve désormais distancé par le Royaume-Uni, l'Italie et la France.

Dans le rouge et à ses plus bas niveaux de l'année une partie de 2016, il s'est stabilisé en fin d'année même si son évolution a été légèrement négative en décembre (-0,9%). Le contexte semble plus favorable cette année avec un retour prévu à la croissance.

Le marché a été soutenu récemment par le rebond des ventes de ses principaux acteurs, Lada (+18% sur un an en décembre, -1% sur l'année), suivi de Hyundai (+12% en décembre, -10% sur l'année) et Renault (+15% en décembre, -3% sur l'année).

Sur le dernier mois de l'année, certaines des plus fortes croissances ont été enregistrées par Porsche (+43%) et Jaguar (+288%), tandis que d'autres constructeurs haut de gamme sont restés en baisse comme Mercedes Benz (-6%) ou Audi (-30%).

 

'Pas besoin d'un Detroit'

"Il n'y a pas de garantie que le marché croisse" en 2017 mais "il y a une forte probabilité", a tempéré M. Schreiber.

Pour favoriser la reprise du marché, le gouvernement a indiqué qu'il comptait prolonger son soutien à l'industrie automobile à hauteur de 62 milliards de roubles sur 2017, soit un peu moins d'un milliard d'euros au cours actuel.

Il compte cependant rendre progressivement ses aides "plus ciblées" pour favoriser les achats des petites et moyennes entreprises, des familles nombreuses ou des exploitations agricoles, a expliqué récemment le Premier ministre Dmitri Medvedev.

"Nous n'avons pas besoin d'un Detroit", a plaidé le chef du gouvernement en décembre, en référence à l'ancienne capitale de l'automobile américaine tombée en ruine jusqu'à se déclarer en faillite en 2013.

A Togliatti, capitale de l'automobile russe depuis un demi-siècle sur les bords de la Volga, l'usine Avtovaz, où sont assemblées les Lada, a perdu plus de la moitié de ses effectifs depuis la crise de 2008-2009 mais a été nettement modernisée.

Le rebond de ses ventes doit lui permettre de mettre fin en février à une longue période de chômage partiel, mais l'entreprise reste déficitaire et son directeur général, Nicolas Maure, arrivé au printemps de Dacia, ne prévoit de retour aux bénéfices qu'en 2018.

Pour la redresser, ses actionnaires ont lancé un important renflouement financier dont la première étape s'est achevée en décembre avec une augmentation de capital de plus de 400 millions d'euros.

Autre signe du retour d'une certaine confiance des industriels, l'américain Ford a remis en route jeudi à plein temps son usine près de Saint-Pétersbourg, évoquant des "signes de stabilisation de la demande" et la hausse des ventes de sa Focus.

Ford, qui affiche une hausse de 10% de ses ventes sur 2016, s'est maintenu contrairement à son concurrent américain General Motors qui a décidé de quitter ce marché.

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