Retraite chapeau pour un membre de la famille Peugeot

Robert Peugeot, un des chefs de file de la célèbre dynastie automobile, touche une "retraite chapeau" de PSA Peugeot Citroën après avoir bénéficié d'un "tour de passe-passe", a affirmé jeudi l'hebdomadaire Le Point, provoquant l'indignation du syndicat CGT.

M. Peugeot, 65 ans, membre du conseil de surveillance du constructeur automobile français, dirige aussi la société d'investissement FFP qui gère une partie de la participation familiale dans PSA.

Or, assure Le Point en citant des "documents dont [il] a eu connaissance", Robert Peugeot bénéficie "depuis l'an passé d'un généreux complément de retraite" de PSA, au terme de dispositions datant de 2007, quand il avait quitté l'entreprise et son comité exécutif pour se consacrer à FFP.

M. Peugeot, centralien, a fait toute sa carrière chez PSA, mais relève Le Point, il n'aurait pas dû pouvoir toucher de "retraite chapeau" car il en est formellement parti avant l'âge de la retraite.

Les droits à une retraite surcomplémentaire, aux termes du code de la Sécurité sociale, sont en effet conditionnés à l'achèvement de la carrière du salarié dans l'entreprise.

Robert Peugeot aurait obtenu "un statut sur mesure: son contrat de travail n'a pas été interrompu à son départ, mais suspendu", affirme l'hebdomadaire en évoquant un "tour de passe-passe" qui poserait aussi selon lui un problème de gouvernance, M. Peugeot ayant siégé au conseil de surveillance et été employé de PSA en même temps.

Un proche de la famille Peugeot, dénonçant une "volonté évidente de nuire à Robert Peugeot", a confirmé à l'AFP que le contrat de ce dernier avait été suspendu en 2007 mais soutenu qu'il n'y avait "aucun problème d'illégalité" dans cette disposition prise "en accord avec le comité exécutif et le conseil de surveillance de l'époque".

Selon ce proche, la retraite surcomplémentaire de M. Peugeot s'établit à 155.000 euros par an.

Quant à un éventuel conflit d'intérêt, ce proche, parlant à l'AFP sous couvert d'anonymat, a remarqué que siègent au conseil de surveillance "des représentants des salariés, qui sont salariés" eux-mêmes de PSA.

PSA s'est refusé à tout commentaire.

"Apparemment, l'avantage d'être actionnaire milliardaire d'un groupe, c'est que l'on peut s'asseoir sur les règles qui valent pour les autres", a grincé le délégué syndical central CGT de PSA, Jean-Pierre Mercier, en réclamant dans un communiqué "l'arrêt du système des retraites chapeau" et que "toutes les sommes soient rendues au groupe pour être redistribuées sous forme d'augmentations de salaire".

Ces révélations interviennent deux mois après un tollé provoqué par des informations sur une retraite spéciale de près de 300.000 euros par an accordée à l'ancien patron de PSA, Philippe Varin. Ce dernier avait affirmé fin 2013 qu'il renonçait aux 21 millions d'euros prévus pour cette retraite "surcomplémentaire", financée uniquement par l'entreprise, face à une avalanche de critiques.

Depuis 2014 et l'entrée au capital de l'Etat français et du groupe chinois Dongfeng au capital de PSA, la famille Peugeot et ces deux autres actionnaires contrôlent chacun 14% des parts de l'entreprise.

L'opération, qui a évité la faillite à PSA, a consacré la perte du contrôle que la famille fondatrice de Peugeot exerçait sur le fleuron industriel français depuis plus de 200 ans, puisque l'un des cousins de Robert Peugeot, Thierry Peugeot, en a quitté la présidence du conseil de surveillance où lui a succédé Louis Gallois.

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