Rentabilité, économies et nouvelle R5: la "Renaulution" en cinq points (+vidéos)

Objectif de rentabilité, ambitions dans l'électrique et les nouvelles mobilités: le nouveau patron Luca de Meo imprime sa marque chez Renault avec son plan stratégique à horizon 2025.

Valeur plus que volumes

L'ex-PDG Carlos Ghosn visait 5 millions de voitures vendues dans 100 pays en 2022: le groupe en a écoulé 3,6 millions en 2019 et 2,9 en 2020. Avant même la crise sanitaire, cette stratégie du volume "a clairement échoué", a lancé jeudi M. De Meo, le nouveau directeur général arrivé en mai.

"On passe des volumes à la valeur", a ajouté M. De Meo en présentant son plan "Renaulution". Le but: dégager plus de 3% de marge opérationnelle d'ici à 2023, et un total d'environ 3 milliards d'euros de flux de trésorerie.

"Cette stratégie est fondée et [répond aux] faiblesses actuelles de Renault", a commenté Matthias Heck de l'agence Moody's. "L'objectif financier d'amélioration des marges (...) est réaliste et illustre le fait que cette stratégie prendra du temps".

 

Quatre marques puissantes

Le groupe compte lancer une nouvelle offensive dans les segments supérieurs: sur les 24 lancements prévus d'ici 2025, la moitié seront des compactes et des berlines.

La marque Renault se présente comme une marque high-tech, en partenariat avec Orange ou Atos dans une "Software république", et collaborant avec Google à partir de la prochaine Mégane. Ses prix devraient augmenter en moyenne de 7.000 euros par véhicule, avec des ventes composées à 35% d'hybrides et 30% d'électriques d'ici à 2025.

Le Losange se voit "leader dans l'électrification" en 2025, selon M. De Meo, avec la "plus grande usine de voitures électriques d'Europe". Renault devrait y produire la nouvelle R5 électrique qui doit "rendre populaire les électriques en Europe".

Les marques économiques Dacia et Lada vont réduire l'éventail de leur gamme et multiplier les synergies. Dacia lancera un SUV et l'emblématique 4X4 russe Lada Niva sera modernisé en 2024.

Alpine, la marque sportive du groupe, devra être compétitive, mais aussi rentable. Promue en Formule 1, elle lancera sur les routes trois nouveaux bolides 100% électriques.

 

Une marque de mobilités

Mobilize proposera quatre véhicules adaptés aux automobilistes qui ne "veulent plus acheter de voiture", a précisé Clotilde Delbos, la directrice générale adjointe du groupe: un véhicule à deux places et la citadine Dacia Spring pour le libre-service, une compacte développée pour les VTC, et un petit utilitaire.

Mobilize vise à générer 20% des revenus du groupe d'ici à 2030, via des partenariats et des nouvelles solutions de financement comme l'abonnement.

 

Rationaliser, économiser

Après avoir lancé fin mai un plan d'économies de plus de 2 milliards d'euros sur trois ans, prévoyant quelque 15.000 suppressions de postes dans le monde, le groupe a annoncé jeudi une nouvelle coupe: l'objectif est désormais de parvenir à un total de 3 milliards d'économies d'ici à 2025, mais sans suppressions d'emploi supplémentaires.

Le groupe va notamment réduire ses investissements en recherche et développement, de 10 à 8% du chiffre d'affaires. Renault compte abaisser ses capacités de production à 3,1 millions d'unités en 2025, et ajuster les usines pour qu'elles tournent à plein régime.

Le groupe va également s'appuyer sur son Alliance: 80% des voitures vendues par Renault, Nissan et Mitsubishi seront basées sur trois plateformes (châssis) seulement.

A côté des moteurs électriques, un petit et un gros, les moteurs essence seront tous hybrides. Le diesel ne sera disponible que parmi les utilitaires, pour lesquels Renault va produire une pile à combustible.

 

L'Alliance à l'international

Renault s'est partagé les marchés avec ses partenaires dans l'Alliance et révise son "empreinte mondiale": "on arrête une course aux parts de marché qui se faisait aux dépens des profits", a résumé M. De Meo.

Le groupe français va se concentrer sur "les marchés à fortes marges": notamment en Amérique latine, en Inde et en Corée. L'Espagne, le Maroc, la Roumanie, la Turquie et la Russie seront aussi dans le viseur.

Au Brésil, l'objectif sera de percer dans les segments supérieurs. En Chine, Renault "reviendra" avec un "nouveau modèle d'affaires", a promis M. De Meo.

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