Renault veut une holding commune avec Nissan

Le groupe français Renault veut proposer à son partenaire japonais Nissan de créer une holding qui détiendrait 100% des deux constructeurs automobiles, rapporte le quotidien nippon Nikkei vendredi, des informations partiellement confirmées à l'AFP par une source proche du dossier.

Renault contrôle actuellement 43,4% du capital de Nissan, qui lui-même possède 15% de son propre capital, mais sans droit de vote.

La nouvelle structure commune serait détenue "à parité" par les actionnaires des deux entreprises, si bien que l'Etat français possèderait environ 7% du total, selon le Nikkei. Le quotidien américain Wall Street Journal, qui cite "des sources proches de la proposition", croit savoir de son côté que les actionnaires de Renault et Nikkei recevraient chacun "à peu près 50%" de la nouvelle holding.

Selon une source proche du dossier, l'idée est de "construire un outil industriel intégré" pour faire face aux défis posés par la mutation du secteur automobile, d'autant que les performances de Nissan se détériorent: le groupe japonais a sabré mercredi ses estimations de bénéfices annuels.

"La constitution d'une holding viserait à rééquilibrer l'alliance entre Renault et Nissan", a dit cette source à l'AFP.

Au bord de la faillite en 1999 quand Renault est venu à sa rescousse, Nissan s'est redressé au fil des années jusqu'à devenir le poids lourd du duo, et ses dirigeants contestent la domination française. Mais le groupe japonais a accumulé mauvais résultats et ennuis judiciaires ces derniers temps.

L'ancien patron de Renault et Nissan, Carlos Ghosn, avait expliqué en janvier avoir été exclu du jeu, car il voulait créer une société holding contrôlant Renault, Nissan et Mitsubishi Motors (le troisième partenaire de l'alliance qu'il a créée). Il en avait discuté avec le patron de Nissan, Hiroto Saikawa, qui était hostile à toute fusion.

"Nous ne sommes pas au courant (...) et ne pouvons donc pas commenter", a sobrement indiqué vendredi un porte-parole de Nissan à l'AFP.

Pas de commentaire non plus chez Renault, où un porte-parole a renvoyé à des déclarations de la directrice financière Clotilde Delbos, vendredi matin lors d'une conférence d'analystes: "Je ne vais pas commenter les rumeurs que vous voyez dans le journal".

"Nous avons toujours dit et nous disons toujours exactement la même chose, c'est que ce que nous voulons, c'est que l'alliance soit irréversible." Il s'agit, selon elle, de "rendre cette alliance encore plus efficace dans son fonctionnement quotidien et dans son processus de prise de décision".

Selon Mme Delbos, "beaucoup de discussions sont en cours entre les différents partenaires pour faire naître ce projet" et "pour le moment c'est tout ce que nous pouvons dire".

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