Renault vend la Fonderie de Bretagne pour faire des économies

Le groupe Renault va sacrifier La Fonderie de Bretagne pour son plan d'économies et cherche un repreneur pour cette usine du Morbihan, où travaillent quelque 350 salariés.

La direction du groupe a confirmé jeudi au Comité social et économique (CSE) de l'usine qu'elle cherchait un repreneur. Il lui paraitrait "plus à même de pérenniser les activités et les emplois", explique Renault dans un communiqué.

Déjà en difficulté, et plombé par la crise sanitaire, le constructeur français avait annoncé début 2020 un plan d'économies de plus de 2 milliards d'euros sur trois ans, qui prévoit 4.600 suppressions d'emplois sur 48.000 en France, et plus de 10.000 hors de France. Il a annoncé début 2020 un milliard d'économies supplémentaires.

Pour traverser la crise, le groupe a également eu droit à un prêt bancaire de cinq milliards d'euros garanti par l'Etat français.

 

Une cession bis

Installée à Caudan depuis 1965, la Fonderie de Bretagne fabrique des bras de suspension, des collecteurs et coudes d'échappement, ainsi que des différentiels de boîte de vitesse.

Renault avait déjà revendu la Fonderie en 1999 à Teksid-Fiat, avant de la reprendre en 2009. L'Etat et les collectivités locales avaient accompagné cette reprise à hauteur de cinq millions d'euros "pour le maintien de l'emploi".

Le président de Renault Jean-Dominique Senard avait évoqué au printemps 2020 cette usine bretonne qui n'avait "pas vocation à rester dans le groupe Renault". A l'été 2020, le constructeur a demandé une revue stratégique de l'usine au cabinet Advancy.

"Cette analyse conclut que le site doit diversifier ses activités et poursuivre la réduction de ses coûts de production", a expliqué jeudi la direction de Renault, citant "les évolutions de l'automobile vers des véhicules plus légers, la concentration des acteurs dans le secteur des fonderies et le déploiement du plan d'économie du groupe".

 

"Trahison"

"Ce n'est pas une surprise mais c'est une trahison", a déclaré à l'AFP le délégué CGT Maël Le Goff, à la sortie du CSE.

"Ce qui nous dégoûte dans cette histoire, c'est que les salariés ont tout fait pour reconstruire l'outil de travail", suite à un incendie en 2019, "et se sont démenés avec les changements de poste et changements d'horaires pour au final dire +on s'en va+".

Le syndicaliste promet "des actions" avant un prochain CSE, prévu le 22 mars.

"On peut comprendre la colère des salariés devant cette accélération soudaine. Nous nous sommes battus pour que ça ne ferme pas il y a un an", a déclaré à l'AFP Loïg Chesnais-Girard, le président de la région Bretagne.

"Nous nous battrons pour l'avenir de ce site et ses salariés. Renault nous doit la transparence et le respect des engagements pris. Fabrice Loher (maire de Lorient et président de l'agglomération) et moi demandons au plus vite une réunion sur le sujet avec Bruno Le Maire", le ministre de l'Economie.

Fabrice Loher a renchéri auprès de l'AFP: "Ce sont 350 emplois en jeu, et ça a un impact fort sur le territoire lorientais. Il faut que Renault prenne des engagements vis-à-vis des élus locaux".

De son côté, Renault dit s'être engagé à "poursuivre le dialogue avec les partenaires sociaux et les acteurs du territoire" pour identifier un repreneur "qui soit le plus à même d'assurer la pérennisation des activités et des emplois".

 

De rapides économies

Renault a déjà négocié fin 2020 la suppression de 2.500 postes dans l'ingénierie et les fonctions tertiaires, via des départs volontaires. Le groupe a aussi décidé de fermer son usine de Choisy-le-roi (Val-de-Marne) et de transformer son usine de Flins en centre de recyclage de véhicules et de batteries, avec des centaines de suppressions de postes à la clé.

De manière plus large, il va réduire ses investissements en recherche et développement, et abaisser ses capacités de production, ajustant les usines pour qu'elles tournent à plein régime.

Renault a ainsi déjà réalisé 60% des économies annoncées en un an, contre 30% prévus, s'est félicitée la direction début 2021.

Le groupe a également annoncé jeudi qu'il allait céder ses actions dans le groupe Daimler, maison-mère de Mercedes. Le produit de cette cession, soit environ un milliard d'euros, doit lui permettre d'accélérer le désendettement de son activité Automobile, dans le rouge à hauteur de 3,6 milliards fin 2020.

© 2021AFP