Renault à Shanghai : F1 futuriste et offensive Crossovers

Habitacle transparent, liaison électronique avec les spectateurs et roues-écran donnant la position en course: Au salon de Shanghai, Renault a livré mercredi sa prophétie à dix ans d'une Formule 1 "plus humaine" avec un exercice de style. Le constructeur a également dévoilé sa stratégie Crossovers sur un segment qui explose en Chine.

La "RS 2027 vision", qui célèbre 40 ans de présence de la firme au Losange dans la discipline reine des sports mécaniques, veut replacer "le pilote au centre du jeu, avec cockpit et casque transparent pour observer le pilote en pleine action", a détaillé l'entreprise dans un communiqué.

Surbaissée, avec une rituelle robe noire et or, la monoplace rêvée par les designers de Renault se distingue par un cockpit fermé et des flancs ajourés, ainsi que des éclairages actifs intégrés dans les roues, permettant de donner aux spectateurs la place de la voiture au classement.

Dans cette voiture fantasmée, le pilote est connecté au public: ce dernier peut recevoir en direct les données télémétriques (gestion du moteur, des suspensions...). Dans l'autre sens, le pilote peut bénéficier d'un surcroît de puissance dans les derniers tours s'il a bénéficié d'un soutien de ses "fans" sur les réseaux sociaux.

Détenant un des plus beaux palmarès de la F1 depuis qu'il y est entré en 1977, Renault a décroché 12 titres constructeurs et 11 de pilotes. Revenue à part entière dans la discipline en 2016 avec le rachat de Lotus, l'entreprise vise pour 2017 un objectif modeste, à savoir une cinquième place au classement constructeurs, après une saison 2016 décevante (neuvième sur 11). En revanche, elle veut être en course pour le titre à partir de 2020.

 

Offensive Crossovers

Renault pense écouler au-delà de 70.000 voitures en Chine en 2017, soit plus du double de ses ventes de 2016 quand le constructeur français a inauguré sa première usine dans le pays, a indiqué mercredi un de ses dirigeants.

"Cette année, on va au moins doubler les ventes par rapport à l'an dernier", a déclaré à des journalistes François Provost, patron du groupe pour la région Asie, en marge du salon automobile de Shanghai. En 2016, 35.000 voitures frappées du losange avaient trouvé preneur dans l'Empire du Milieu.

Ces volumes restent très modestes dans un marché qui a absorbé 24,38 millions d'unités l'année dernière. Il faut aussi les rapporter aux 615.000 voitures vendues dans le même temps par son rival français PSA, arrivé bien avant sur place.

Mais, a noté M. Provost, "il faut le rapprocher de la situation de notre réseau de distribution. Aujourd'hui, on a 150 concessionnaires, ce qui veut dire que l'on ne couvre pas l'ensemble du territoire".

"L'objectif le plus important est la croissance régulière des ventes", a-t-il ajouté, évoquant le chiffre de 200 concessionnaires d'ici à la fin de l'année et 30 de plus en 2018.

Renault vise à terme 3,5% du marché chinois, avait indiqué son PDG Carlos Ghosn, sans donner d'échéance. L'entreprise a inauguré en 2016 une usine à Wuhan (centre), d'une capacité de 150.000 voitures par an, où sont assemblés les 4x4 urbains Kadjar et Koleos.

Renault, qui vend aussi en Chine son 4x4 des villes Captur, de taille plus modeste que les deux précédents, a annoncé à Shanghai qu'il allait proposer à la vente son véhicule sept places haut de gamme Espace, fabriqué en France et donc soumis à d'importantes taxes à l'importation.

Se concentrer sur ces "SUV" s'avère gagnant, car le segment "explose" actuellement en Chine, a souligné M. Provost.

En co-entreprise avec le groupe Dongfeng, Renault va aussi commencer à assembler d'ici à la fin de l'année en Chine une berline électrique, dérivée du modèle Fluence.

Pas question en revanche pour l'instant de proposer aux Chinois des modèles de la gamme "low-cost" comme le 4x4 Duster ou la petite Kwid qui fonctionne bien en Inde, selon le dirigeant, pour qui "la priorité est d'abord de positionner la marque Renault, qu'elle soit jugée crédible".

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