Renault plombé par la Russie mais marges améliorées

Des comptes plombés par la retraite de Russie, mais une rentabilité meilleure qu'attendue et un carnet de commandes bien rempli : Renault a profité d'une hausse des prix des voitures pour enregistrer un bon premier semestre et se montre optimiste pour l'année.

Le constructeur automobile a publié vendredi une perte nette d'1,36 milliard d'euros pour le premier semestre (part du groupe), contre 368 millions d'euros de bénéfice net sur la même période de 2021.

Les investisseurs ont applaudi : le cours en Bourse de Renault, au plus bas depuis sa perte historique de début 2020, a bondi à l'ouverture vendredi et augmentait de 3,6% à la mi-journée.

De meilleures marges sur ses ventes n'ont certes pas compensé la charge de 2,3 milliards d'euros liée à la cession d'Avtovaz en Russie, où le groupe dominait le marché avec la marque Lada, acquis en 2014 et cédé à l'État russe en mai, à la suite du déclenchement de la guerre en Ukraine.

Malgré des ventes en baisse de 12% (hors Russie), ralenties par les pénuries de puces électroniques, le chiffre d'affaires semestriel du groupe est resté stable (+0,3%) à 21,1 milliards d'euros.

Car le groupe a amélioré ses marges en vendant ses véhicules plus cher, avec des finitions supérieures, et avec moins de remises. Il affiche 4,7% de marge opérationnelle hors Russie, avec un résultat net des activités poursuivies de 657 millions d'euros sur le semestre.

Les lancements de nouveaux modèles comme le SUV Renault Arkana, la familiale Dacia Jogger et l'électrique Megane E-Tech ont participé à l'amélioration de ces chiffres, avant le lancement prévu du SUV Austral à l'automne.

Alors que la plupart des constructeurs ont défendu leurs marges au premier semestre, "Renault participe à la fête", ont commenté les analystes d'Oddo BHF.

"La direction du groupe fait de nouveau ses preuves. Ces résultats renforcent la confiance dans la trajectoire du groupe, alors que Renault reste plus fragile que ses concurrents, dans un contexte économique qui va se dégrader, et avec une stratégie de groupe encore incertaine sur le long terme", ont souligné les analystes.

 

"Résurrection"

Le groupe doit une partie de son succès à sa marque "qualité-prix" Dacia, dont la Sandero, voiture la plus vendue auprès des particuliers en Europe, tous constructeurs confondus.

"La phase de résurrection, d'urgence, est terminée chez Renault", a souligné le directeur général du groupe Luca de Meo devant les analystes et lors d'une conférence de presse. "La phase de révolution est bien en marche", avec 25 nouveaux véhicules d'ici 2025, notamment dans les segments supérieurs que le groupe veut conquérir en priorité, a lancé le dirigeant arrivé début 2020 à la place de Carlos Ghosn.

Renault a relevé ses prévisions pour l'année 2022, visant dorénavant une marge opérationnelle de 5%, conforme à ses objectifs de long terme. Le carnet de commandes du groupe est à un niveau "record" de 4,1 mois de ventes en Europe, la principale région pour le groupe.

Au deuxième semestre, le groupe va devoir lutter contre la hausse des prix des matières premières et de l'énergie. Le groupe a confirmé que la crise des semi-conducteurs aurait un impact estimé à 300.000 véhicules sur sa production de l'année 2022.

Renault s'attend aussi à ce que la confiance des ménages "reste faible". "Mais on va pouvoir défendre nos prix", a souligné M. De Meo.

Renault doit présenter à l'automne une mise à jour de sa stratégie "Renaulution", avec une dizaine de projets centrés sur l'électrique, qui devraient impliquer une cession partielle des activités du groupe dans les voitures thermiques.

Les véhicules hybrides et électriques représentent désormais 36% des immatriculations de la marque Renault en Europe, contre 26% au premier semestre 2021.

Les partenaires de Renault dans l'Alliance, Nissan et Mitsubishi, doivent encore préciser dans quelle mesure ils participeront à ces projets : "on a laissé la porte ouverte", a lancé M. de Meo.

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