Renault nomme Nicolas Maure (Dacia) à la tête d'Avtovaz

Le responsable des opérations de Renault en Roumanie et de sa marque Dacia, le Français Nicolas Maure, a été nommé mardi à la tête du numéro un russe de l'automobile Avtovaz, en difficultés en raison de l'effondrement du marché local. Yves Caracatzanis est nommé Directeur Général de Dacia et du groupe Renault Roumanie en remplacement de Nicolas Maure (voir communiqués Renault ci-dessous).

L'alliance Renault-Nissan, qui contrôle le constructeur des Lada depuis 2013, a choisi le dirigeant de l'une de ses filiales les plus dynamiques pour remplacer le Suédois Bo Andersson, limogé après de lourdes pertes mais aussi des critiques des pouvoirs publics russes concernant les licenciements massifs et le recours excessif à des fournisseurs étrangers.

M. Maure, 55 ans, est passé par les équipementiers Valeo et Faurecia avant de rejoindre en 2000 le groupe Renault, où il a exercé des responsabilités de la production à l'après-vente puis dirigé la marque "low-cost" Dacia, en forte croissance depuis sa relance il y a dix ans.

Il prendra ses fonctions le 4 avril, ont précisé dans un communiqué les actionnaires d'Avtovaz, c'est à dire Renault-Nissan (majoritaire) et la holding publique russe Rostec.

"Avtovaz a modernisé sa gamme et ses procédés de production et a amélioré de manière significative la qualité de ses produits", a souligné le PDG de Renault-Nissan Carlos Ghosn, cité dans un communiqué.

"Avec Nicolas Maure, nous prévoyons de poursuivre cette stratégie malgré les difficultés à court terme et nous restons optimistes concernant l'avenir à long terme du marché russe et d'Avtovaz", a-t-il ajouté.

Le marché automobile russe, qui était devenu en 2012 le deuxième en Europe après l'Allemagne, s'est effondré de 36% l'an dernier (-31% pour Lada), sur fond de récession économique et de chute du rouble causées par le plongeon des cours du pétrole et les sanctions occidentales dues à la crise ukrainienne. Les constructeurs s'attendent à une nouvelle baisse des ventes de voitures neuves en 2016.

Avtovaz a payé un coût très élevé avec une perte nette triplée en 2015 à 73,8 milliards de roubles (930 millions d'euros), le poussant à demander en février un renflouement de ses actionnaires pour survivre.

Au delà des difficultés financières, la presse russe faisait état de tensions grandissantes à la tête d'Avtovaz où les méthodes de M. Andersson étaient jugées parfois brusques.

"Les principaux actionnaires et le directeur n'avaient plus de vision commune concernant le développement de l'entreprise", explique à l'AFP Vladimir Bespalov, analyste de la banque VTB Capital.

"Dans la mesure où Dacia s'oriente vers les exportations, le nouveau dirigeant pourra coopérer avec Renault-Nissan pour diriger la production d'Avtovaz vers les marchés d'exportation. Il est important d'augmenter les ventes et, en Russie, le marché continue de baisser", ajoute-t-il.

 

Priorité au local

Ancien cadre du géant américain General Motors, bon connaisseur de la Russie, Bo Andersson semblait avoir le profil idéal pour accélérer la modernisation menée au sein d'Avtovaz.

Il a accentué les synergies avec Renault-Nissan, lancé de nouveaux modèles comme récemment le 4x4 urbain Xray et coupé dans les coûts avec des suppressions d'emplois massives (44.000 employés contre plus de 100.000 en 2008).

Mais les mesures radicales engagées n'ont pas suffi à combler les pertes et elles ont été douloureuses pour Togliatti, sur la Volga, où se trouve la principale usine, dans un contexte de récession économique. Le patron de Rostec, Sergueï Tchemezov, a reproché à M. Andersson de mettre les ouvriers à la porte sans se soucier de leur sort mais aussi de favoriser les fournisseurs étrangers pénalisant les sous-traitant locaux et augmentant les coûts.

"L'objectif aujourd'hui est de créer des produits très compétitifs, d'augmenter la part de marché de Lada en Russie et de travailler étroitement avec les fournisseurs russes", a répété mardi M. Tchemezov.

Le ministre de l'Industrie Denis Mantourov a jugé que M. Maure devrait donner la priorité aux fournisseurs russes "pour réduire les coûts au maximum".

Pour Svyatoslav Kuchko, analyste du cabinet IHS Automotive, les pertes récentes étaient "inévitables" vu la crise économique et "la meilleure stratégie serait de continuer à améliorer sa gamme et conquérir de nouveaux marchés".

Pour autant, prévient cet expert, Avtovaz doit se préparer à des "temps difficiles" car le constructeur doit selon lui vendre 500.000 véhicules par an pour être rentable, "un niveau qu'il ne devrait pas dépasser avant 2018".

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