Renault-Nissan: Senard défend le management par consensus

Le "consensus" et une gouvernance "transparente" constituent la "meilleure garantie pour l'avenir" de l'Alliance Renault-Nissan, a estimé jeudi son président Jean-Dominique Senard, après des critiques de son prédécesseur Carlos Ghosn sur ce mode de fonctionnement.

"Le consensus est en réalité, lorsqu'il est obtenu, une force considérable parce que c'est un objectif partagé", a affirmé le patron du groupe automobile franco-japonais devant l'Association des journalistes économiques et financiers (Ajef). "Le mode de décision commune, partagée est le meilleur succès, la meilleure garantie pour l'avenir", a-t-il ajouté.

Lors d'une conférence de presse le 8 janvier à Beyrouth après sa fuite du Japon, son prédécesseur Carlos Ghosn avait vertement critiqué la gestion de ses successeurs, lançant qu'il n'y avait "plus d'alliance Renault-Nissan". "Je peux vous dire que le consensus ne fonctionne pas, il faut forcer les gens pour avoir des synergies", avait-il notamment affirmé.

Le dirigeant franco-libano-brésilien a été pendant des années la pierre angulaire du groupe automobile franco-japonais, dans lequel il centralisait tous les pouvoirs.

"Je fais partie de ceux qui pensent que lorsque l'on fonctionne avec des modes de gouvernance transparente et commune, on peut asseoir le long terme avec énormément de sérénité, beaucoup plus que lorsqu'on est en mode +command and control+", a taclé M. Senard, dans une allusion au mode de direction réputé autoritaire de son prédécesseur.

Renault et Nissan s'efforcent toujours de tourner la page de l'ère Carlos Ghosn. Leur alliance a traversé des mois de crise après l'arrestation puis l'inculpation au Japon fin 2018 de leur chef emblématique.

Une approche partagée entre les deux constructeurs est, selon M. Senard, d'autant plus nécessaire que les différences culturelles sont importantes entre la France et le Japon.

"Tous les peuples sont fiers. Dans les entreprises qui représentent des icônes de ces pays, cette fierté se manifeste. C'est vrai chez Renault. Chez Nissan, c'est encore plus important", a estimé l'ancien patron de Michelin, rappelant que "la notion de respect partagé était à l'origine même de l'alliance lorsqu'elle a été créée par Louis Schweitzer en 1999".

Face aux investissements gigantesques que doit entreprendre l'industrie automobile dans les prochaines années, l'alliance entre Renault, Nissan et Mitsubishi garde toute sa raison d'être selon lui: "80% de cette alliance est devant nous et pas derrière. Nous sommes devant une période où nous allons exprimer ce potentiel de façon extraordinairement exponentielle".

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