Renault-Nissan: "pas de raison" de modifier la structure capitalistique aujourd'hui (Ghosn)

Le PDG de Renault-Nissan, Carlos Ghosn, a jugé lundi qu'il n'y avait "pas de raison" de modifier pour l'heure la structure capitalistique de l'alliance, une question qui a récemment ressurgi du fait de la montée de l'Etat français au capital de Renault.

"La structure capitalistique qui unit Renault à Nissan est très stable, elle est basée sur un accord signé en 1999. (...) Il n'y a pas de raison de la changer à l'heure actuelle", a déclaré M. Ghosn aux journalistes lors d'une table ronde au siège de Nissan à Yokohama (banlieue de Tokyo).

Renault détient 43,4% de Nissan, et ce dernier 15% du français, mais au titre de règles sur "l'autocontrôle", les parts de Nissan ne lui confèrent pas de droit de vote.

La décision, début avril, du gouvernement français de monter au capital de Renault pour imposer le dispositif des droits de vote double, destiné à récompenser les actionnaires fidèles, a donc fait l'effet d'un coup de tonnerre.

M. Ghosn avait immédiatement convoqué un conseil d'administration à Paris pour s'opposer à l'Etat, puis à Yokohama, mais il a perdu la bataille en assemblée générale fin avril.

Ce conflit a mis en lumière les déséquilibres de l'alliance conclue quand Nissan était au bord de la faillite en 1999. La firme nippone, forte d'une santé florissante, fait aujourd'hui de l'ombre à son "sauveur".

Pour le PDG du tandem cependant, "il y a une séparation très claire entre la structure capitalistique et l'esprit du partenariat" qui consiste à s'épauler, "indépendamment de qui possède quoi".

"C'est la force de l'alliance, la participation de l'un et de l'autre n'a aucune influence" sur les opérations au jour le jour et "chacune des deux compagnies est gagnante", a-t-il assuré.

Prudent, Carlos Ghosn n'a pas souhaité se projeter dans l'avenir. "Mais pour procéder à un changement, a-t-il insisté, il faut une raison forte, en ligne avec la stratégie. On ne touche pas à ce type de structure facilement, ce sont des sujets très sensibles".

- Les Japonais mal-aimés en Chine -

De manière plus large, le dirigeant s'est dit satisfait du périmètre de l'alliance actuelle Nissan-Renault-Avtovaz (groupe russe passé sous la coupe du couple à la mi-2014), qui lui donne accès "à toutes les zones géographiques, toutes les technologies et tous les produits".

"Nous n'avons pas de besoins particuliers, mais nous avons un savoir-faire, donc s'il y a une opportunité, nous la saisirons", a-t-il souligné, interrogé sur le mouvement de consolidation à l'oeuvre dans l'industrie.

Carlos Ghosn a également évoqué le cas de la Chine, premier marché automobile mondial, où Nissan a écoulé au cours du dernier exercice (clos fin mars) 1,22 million d'unités, loin de son objectif initial.

La nationalisation en septembre 2012 par Tokyo d'une partie des îles Senkaku, territoires en mer de Chine orientale revendiqués par Pékin sous l'appellation Diaoyu, "a freiné le développement des marques japonaises", a-t-il rappelé.

"Et en tant que première marque nippone en Chine, nous avons été particulièrement touchés. Nous avons perdu pratiquement trois ans à cause de ces rivalités, et aujourd'hui encore certains consommateurs ne songeraient jamais à acheter japonais".

Nissan se veut cependant optimiste: il vise une progression de ses ventes de plus de 6% cette année, dans un marché chinois certes moins dynamique qu'auparavant, mais "toujours vigoureux".

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