Renault-Nissan: les moments clés de 20 ans d'alliance

L'alliance entre les constructeurs automobiles Renault et Nissan, scellée il y a 20 ans, a été ébranlée par l'arrestation en novembre 2018 de l'homme qui en était le symbole et l'architecte, Carlos Ghosn.

Le nouveau patron de la firme française Jean-Dominique Senard promet de consolider ce mariage unique en son genre mais son avenir semble aujourd'hui incertain.

Rappel des dates clés de l'alliance Renault-Nissan:

 

Noces franco-japonaises

En 1999, Nissan Motor est en grande difficulté. Aveuglé par son désir de rattraper Toyota, le numéro deux japonais de l'automobile s'est lourdement endetté et cherche un allié pour survivre.

Un temps courtisé par l'allemand DaimlerChrysler, Nissan convole finalement avec Renault. L'accord est signé à Tokyo le 27 mars 1999 par les patrons Louis Schweitzer et Yoshikazu Hanawa. Renault prend 36,8% de Nissan. L'ensemble forme le 4e constructeur mondial.

 

L'empreinte de Ghosn

En juin 1999, le numéro deux de Renault Carlos Ghosn devient directeur général de Nissan avec pour mission son redressement.

Le manager dévoile à l'automne un plan comportant la fermeture de cinq usines et la suppression de 21.000 emplois.

La coopération entre les deux groupes dans la distribution, les achats et la fabrication démarre. L'alliance porte ses fruits dès 2001.

 

Participations croisées

Sur la voie du redressement, Nissan prend en 2002 une part de 15% dans Renault lequel porte à 44,4% sa participation dans la firme nippone (part aujourd'hui ramenée à 43,4%).

Les deux groupes concrétisent leur projet de groupe binational et mettent en place une structure de pilotage commune basée aux Pays-Bas.

Nissan, devenu en 2003 la deuxième capitalisation automobile mondiale grâce à sa bonne santé retrouvée, gonfle les résultats annuels de Renault.

 

Double règne

Auréolé de son succès, Carlos Ghosn succède en 2005 à Louis Schweitzer à la tête de Renault et prend les rênes des deux groupes.

En 2006, Carlos Ghosn est approché par le milliardaire américain Kirk Kerkorian qui lui soumet l'idée d'une alliance à trois avec General Motors (GM) dont il est actionnaire. Mais les négociations capotent.

 

Expansion

En 2010, Renault-Nissan conclut un partenariat stratégique avec l'allemand Daimler, fabricant des Mercedes. Ce rapprochement, assorti de participations croisées, s'étend au fil des ans à une dizaine de projets.

L'alliance franco-japonaise réalise alors des ventes records (7,28 millions de véhicules en 2010) voit son développement commun dans les voitures électriques s'accélérer.

En 2012, elle signe un accord pour prendre le contrôle du premier constructeur russe Avtovaz, fabricant des voitures Lada.

 

Remous

L'année 2015 est marquée par de fortes turbulences internes: la montée de l'Etat français dans le capital de Renault met en colère Nissan. Il faut plusieurs mois pour trouver un accord qui ménage les intérêts des uns et des autres.

En 2016, l'alliance s'élargit à Mitsubishi, constructeur japonais en difficulté, dont Nissan prend 34%.

Début 2017, Carlos Ghosn fait un pas de côté, cédant la direction exécutive de Nissan à son dauphin Hiroto Saikawa, tout en restant patron de Renault et de l'alliance Renault-Nissan-Mitsubishi.

En 2017, l'ensemble revendique la place de numéro un mondial avec 10,6 millions d'automobiles produites, au coude à coude avec Volkswagen et devant Toyota.

 

Ghosn chute, l'alliance tangue

19 novembre 2018, coup de tonnerre: Carlos Ghosn est arrêté à Tokyo, soupçonné d'avoir dissimulé des revenus aux autorités japonaises. Emprisonné, le manager est rapidement lâché par Nissan. L'alliance tangue.

Nommé en janvier 2019 à la présidence de Renault Jean-Dominique Senard, à la réputation de diplomate, s'efforce de tourner la page et de relancer l'alliance.

Mais les sujets de tension s'accumulent au printemps: fuites sur un projet français de fusion Renault-Nissan puis offre de mariage, finalement retirée, de Fiat Chrysler avec Renault.

Mardi, lors d'une AG de Nissan, le patron Hiroto Saikawa se déclare ouvert à une évolution de l'alliance mais toujours fermement opposé à une fusion.

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