Renault Lardy: "fragilité juridique" des externalisations de postes

L'intersyndicale CGT, CFDT, CFE-CGC et SUD du centre technique de Renault à Lardy (Essonne) a souligné jeudi la "fragilité juridique" du projet d'externalisation de la maintenance des matériels d'essais des moteurs, qui entraînera le transfert de postes chez un petit sous-traitant.

Dans un rapport, le cabinet d'expertise Sextant, mandaté par le comité social et économique (CSE) de Lardy, "étrille le projet de la direction sur plusieurs points" et relève sa "fragilité juridique", a déclaré Florent Grimaldi, responsable CGT, devant des salariés rassemblés au centre technique ou connectés à distance pour réclamer le retrait du projet.

"Il y a une vraie fragilité juridique", a renchéri Jean-Marc Kieffer de la CFDT, en soulignant que les 27 salariés du groupe automobile concernés (dont 17 à Lardy) seraient transférés vers "P2M, une petite coquille" d'une "trentaine de personnes", où il n'y a "pas de politique RH (ressources humaines, ndlr)" et où les rémunérations sont "très nettement" inférieures à celles de Renault.

Avec cette externalisation, prévue en novembre, "il y a fort à parier que les salariés Renault, s'ils étaient transférés, seraient victimes d'une stagnation de leur salaire pendant des années" et subiraient "une perte annuelle de 6.000 euros" en ne bénéficiant plus d'avantages sociaux, comme "l'intéressement" ou "les oeuvres sociales du CSE", a relevé M. Kieffer. En outre, ils seraient privés des "accords collectifs" de l'entreprise, sur "le temps partiel choisi", les pré-retraites ou le compte épargne-temps, a-t-il énuméré.

"La direction nous dit que c'est juste un changement de badge, l'expertise nous dit le contraire" et "sans négociation", les salariés perdront "tous les acquis sociaux" des "52 accords en vigueur chez Renault", par exemple sur les RTT ou le télétravail, s'est inquiété Samuel Batard de la CFE-CGC.

Ce projet sera le 3 juin à l'ordre du jour d'une réunion du CSE de Lardy, pour la procédure d'information-consultation des représentants du personnel. "Jusqu'au 3 juin, il faut rester mobilisé le plus fortement possible", a souhaité Stéphane Rousseau de SUD.

En comptant l'"externalisation de force" des salariés de la maintenance, "158 suppressions de postes" sont prévues cette année à Lardy, mais seulement "23 postes sont ouverts à la mobilité" sur le site, a critiqué M. Grimaldi, en dénonçant "un plan de désignés volontaires" au départ. En mai 2020, Renault avait annoncé la suppression de 4.600 postes en France, sur trois ans et sur la base du volontariat.

er/cel/LyS

© 2021AFP