Renault: Flins va se recycler... dans le recyclage

L'usine Renault de Flins va se "réinventer" en se convertissant à "l'économie circulaire" et devrait employer jusqu'à 3.000 personnes d'ici à 2030, contre 3.800 aujourd'hui, a annoncé le groupe mercredi, tentant de rassurer les salariés sur l'avenir du site.

La grande usine des Yvelines, qui doit produire la Zoé jusqu'en 2024, sera renommée "Re-factory" et cessera de fabriquer des véhicules neufs, a précisé le groupe automobile dans un communiqué.

Flins se consacrera au reconditionnement de véhicules récents, au recyclage de véhicules hors d'usage, à la réparation et la réutilisation de batteries, des secteurs très prometteurs selon Renault.

Les dirigeants du groupe l'ont annoncé mercredi aux managers de l'usine, aux représentants des salariés et aux élus locaux, avec un objectif de 130.000 véhicules par an à horizon 2030.

La direction prévoit d'employer entre 1.700 et 2.100 personnes à court terme dans l'usine, puis 3.000 à horizon 2030. Actuellement, le site compte 2.400 salariés Renault et 1.400 intérimaires ou sous-traitants.

"Avec la Re-factory, Flins va devenir une référence européenne en matière d'économie circulaire", a souligné Luca de Meo, le directeur général de Renault. "Cette usine, avec un objectif de bilan CO2 négatif à 2030, s'inscrit pleinement dans la stratégie globale du groupe en alliant économie circulaire, réduction des émissions, développement des compétences et création de nouvelles activités générant de la valeur."

Flins doit accueillir les activités de rénovation de l'usine de Choisy-le-Roi (Val-de-Marne), que Renault a décidé de fermer dans le cadre d'un plan de 2 milliards d'euros d'économies sur trois ans. Le groupe avait annoncé fin mai ce plan qui prévoit la suppression de 15.000 emplois dans le monde, dont 4.600 en France.

 

"Sauver Flins"

La mise en oeuvre à Flins de cet "écosystème industriel et commercial" interviendra progressivement "entre 2021 et 2024, en remplacement de l'activité de production de véhicules neufs", a indiqué Renault.

Des dispositifs d'accompagnement et de formation des salariés de Flins et Choisy-le-Roi vont être mis en place.

"On le confirme: personne ne sera laissé au bord de la route", a lancé Jean-Dominique Senard, le président de Renault. "Nous savons tous que le statu quo n'est plus possible, on est là pour sauver Flins."

Le site va également se tourner vers la recherche et la formation avec un incubateur et un pôle universitaire. "Ce type de projet nous permettra aussi d'accéder à certains soutiens des autorités. Il est centré sur les thèmes fondamentaux de la nouvelle politique européenne, notamment du +green deal+", a relevé M. de Meo.

Côté syndicats, la CFDT a regretté qu'"au-delà des effets d'annonces de la direction, l'aspect social n'ait pas été abordé". Si la direction dit viser 3.000 emplois à Flins en 2030, tous "ne seront pas des emplois Renault" car les sous-traitants, "comme Veolia, vont arriver avec leur personnel", s'est inquiété Franck Daoût, délégué syndical central CFDT. Avec ce projet, "il y aura une perte d'emplois Renault", a-t-il critiqué. "On a quatre ans pour défendre un projet alternatif. On ne va pas lâcher", a-t-il ajouté.

"Ne plus fabriquer de voitures neuves à Flins, ça veut dire un danger mortel pour l'emploi", a dénoncé "en colère" Ali Kaya, délégué CGT de l'usine. "Les chiffres de la direction sont flous, fantaisistes même. Elle donne un chiffre global mais elle est incapable de donner la déclinaison" des effectifs "par département. Elle cherche à nous rassurer avec des éléments qui ne sont pas fiables", a-t-il protesté.

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