Renault-Fiat: l'échec de la fusion n'est pas dû à des "interventions politiques"

L'échec de la fusion entre Renault et Fiat Chrysler n'est pas dû à des "interventions politiques" de l'Etat français, mais à la volonté du gouvernement de préserver l'alliance entre le constructeur au losange et son partenaire Nissan, a assuré jeudi Bercy.

"La raison pour laquelle ce +deal+ ne s'est pas fait est lié à la préservation de l'alliance entre Renault et Nissan, ça n'a rien à voir (...) avec des interventions politiques", a assuré Bercy lors d'une conférence téléphonique avec des journalistes.

"Nous avons été très clairs: il nous fallait le soutien explicite de Nissan pour que la fusion se réalise dans le cadre de l'Alliance. On ne pouvait pas mettre en cause la pérennité de l'alliance dans cette opération", a-t-on ajouté.

Fiat Chrysler (FCA) a retiré dans la nuit de mercredi à jeudi sa proposition de fusion avec Renault pour former le numéro 3 mondial de l'automobile. Le groupe italo-américain a regretté de n'avoir pas pu obtenir un engagement rapide du groupe français, freiné selon lui par l'Etat actionnaire.

Le vice-président du Conseil italien Luigi Di Maio a déploré jeudi matin, en des termes généraux, les ingérences politiques de l'Etat français dans ce dossier. "Quand la politique cherche à intervenir dans des procédures économiques, elle n'agit pas toujours correctement", a-t-il déclaré.

Pour Bercy, l'alliance entre Renault et Nissan "a apporté des résultats tangibles, en matière d'investissements, de technologies, de plateformes communes". "Il était hors de question de mettre en péril cette alliance à l'occasion d'une fusion", a fait valoir le ministère.

Selon plusieurs sources, les deux représentants de Nissan au conseil d'administration de Renault se sont abstenus mercredi soir sur le rapprochement avec FCA, à qui l'Etat a demandé un délai de cinq jours pour tenter permettre à Renault de "s'accorder avec (son) partenaire japonais".

Le ministre français de l'Economie Bruno Le Maire doit en effet se rendre au Japon en fin de semaine, et avait prévu de s'entretenir avec son homologue japonais et ne pas risquer un divorce d'avec Nissan, l'allié de 20 ans de Renault. Il voulait un nouveau conseil d'administration à son retour, mardi.

Durant la réunion mercredi soir, au siège de Boulogne-Billancourt, près de Paris, tous les administrateurs étaient pour la fusion, excepté un représentant des salariés, et les deux représentants de Nissan. Ceux-ci ont cependant indiqué "qu'ils pourraient dire oui avec un peu plus de temps", avait indiqué une source proche du constructeur.

Tenu à l'écart des discussions entre Renault et FCA jusqu'à l'annonce du projet il y a dix jours, Nissan, dont Renault détient 43% du capital, et qui contrôle 15% de l'entreprise française, craignait d'être marginalisé dans l'opération mais y voyait aussi des opportunités en matière de partages de technologies.

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