Renault: feu vert syndical au nouvel accord social

Six mois après PSA, Renault a obtenu lundi le feu vert d'une majorité de syndicats pour un nouvel accord triennal sur l'emploi, qui demande plus de flexibilité aux salariés mais garantit un volume d'activité dans les usines.

Le syndicat CFDT du constructeur (troisième organisation) a annoncé qu'il signerait ce "contrat d'activité pour une performance durable". Une décision qui permet au texte de rassembler les 50% nécessaires des voix aux élections professionnelles, le projet ayant déjà obtenu l'aval de la CFE-CGC (premier) et de FO (quatrième).

Le texte devrait être officiellement signé vendredi, selon la CFDT, qui salue un accord "renforçant le dialogue social". "C'est un compromis très favorable et prometteur", a déclaré à l'AFP Franck Daoût, son délégué.

En échange d'une hausse de la flexibilité demandée, par exemple une heure supplémentaire travaillée par jour en cas de hausse de l'activité, le constructeur s'engage à embaucher 3.600 CDI sur la période (2017-2019), et à reconduire 6.000 contrats jeunes.

Ces embauches compenseront à peine le nombre de départs naturels sur la période (retraite, démission, décès), selon la CFE-CGC. Selon les calculs de la CGT (deuxième syndicat), il manque encore 1.000 CDI pour combler le trou, sans compter les intérimaires que la direction souhaite réduire de moitié (-4.500).

La CGT, qui n'était pas signataire du précédent accord, décidera jeudi de sa position. Mais le syndicat s'était montré jusqu'à présent très critique, soulignant notamment que les salariés en poste "devront absorber le travail de ceux qui quitteront l'entreprise".

 

 "9.200 départs depuis 2013"

Pour les partants, "les conditions de départ seront plus restrictives qu'entre 2013 et 2016", explique Bruno Azière de la CFE-CGC. Les dispenses d'activité à trois ans de la retraite seront réservées aux salariés ayant travaillé au moins 15 ans en horaires décalés ou reconnus en incapacité permanente d'au moins 10% par la Sécurité sociale.

L'entreprise renouvelle par ailleurs son engagement à maintenir l'ensemble des sites Renault en France, et à assurer un volume de production annuel moyen "au moins égal à celui de 2016". Rassurant pour la CFDT, qui note avec satisfaction des "projets d'avenir" pour les sites de Lens et de Villeurbanne.

Lors des négociations, Renault avait reculé sur une modulation annuelle du temps de travail mais l'accord prévoit néanmoins la possibilité d'exiger des salariés une heure supplémentaire de travail par jour, jusqu'à huit jours par mois et cinquante par an. "Les conditions de vie et de travail déjà largement dégradées (...) vont encore empirer", dénonçait fin décembre la CGT.

L'accord propose également une évolution de la formation, en favorisant la transmission des savoirs et le tutorat entre salariés seniors et les plus jeunes. Il devrait aussi, selon la CFDT, améliorer le dialogue social en donnant la parole "sans frein" aux salariés de la production.

Il succède à l'accord de compétitivité de 2013 qui, selon la direction, devait se solder, selon le bilan prévu à fin 2016, par 9.200 départs sur trois ans et 3.000 embauches (contre 730 prévues initialement), dont une partie seront réalisées en 2017.

Depuis, la situation économique de Renault s'est considérablement améliorée. Fin juillet, l'entreprise avait publié un bénéfice net en hausse de 7,5% pour le premier semestre 2016, à 1,5 milliard d'euros.

En juillet 2016, le constructeur automobile PSA est parvenu à renouveler son accord triennal avec une majorité de syndicats, prévoyant des départs volontaires et des mobilités internes pour la quatrième année consécutive.

Renault recensait 35.000 salariés fin 2015 dans le périmètre concerné par l'accord (Renault SAS et sept filiales industrielles).

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