Renault et Volvo Trucks lancent leur projet de "Tesla des utilitaires"

Electrique, polyvalente, moins chère: la future camionnette urbaine de Renault et Volvo Trucks doit séduire les géants de la logistique et du commerce en ligne.

Les trois modèles dont des esquisses ont été présentées mercredi (une camionnette classique, une pour les livraisons urbaines, et une version avec benne) sont pensés pour la livraison urbaine.

De la taille d'un petit Renault Kangoo, ils ont la capacité de chargement (en hauteur) d'un plus gros véhicule de type Trafic, et le rayon de braquage d'une voiture de type Clio, selon le directeur général de Renault Luca de Meo.

Renault avait développé un concept d'utilitaire appelé "FlexEVan" mais, faute d'argent frais pour le développer, le groupe français s'est adressé au géant suédois des camions Volvo, propriétaire depuis 2012 de son ex-filiale Renault Trucks.

Leur nouvelle filiale Flexis, énième coentreprise de Renault sous l'ère de Meo, doit permettre de partager les risques et les coûts (600 millions d'euros) de cette première plateforme 100% électrique. Le fourgon sera produit dans l'usine du Renault Trafic à Sandouville (Seine-Maritime).

Le groupe marseillais de logistique CMA CGM a rejoint la coentreprise en promettant d'y investir jusqu'à 120 millions d'euros, pour 10% du capital. Il sera l'un des premiers à tester 1.500 camionnettes, a indiqué le patron du groupe, Rodolphe Saadé.

"La situation est propice à la +disruption+", a lancé Luca de Meo lors d'une conférence de presse dans un ancien atelier Renault à Boulogne-Billancourt, qui doit accueillir bientôt sa filiale électrique Ampere.

"J'ai pu convaincre Rodolphe (Saadé) en vingt minutes (...) c'est peut-être le Tesla des utilitaires", a lancé M. de Meo.

Les partenaires restent ouverts à d'autres investissements, et Renault est notamment en discussion avec son partenaire Nissan.

Dernier kilomètre

Avec un peu de retard sur les voitures, le secteur des camionnettes commence à s'électrifier (7,4% du marché européen en 2023).

L'Europe vise 100% de camionnettes "zéro émission" (à l'échappement) en 2035. Parallèlement, le volume de marchandises livrées explose, les centre-villes interdisent les véhicules diesel les plus âgés, et les entreprises cherchent à réduire leurs émissions de CO2.

"Nous savons aussi que la concurrence asiatique est de plus en plus forte", a ajouté Rodolphe Saadé. "Il s'agit d'être prêt dès les premiers jours de 2026", avec un véhicule "compétitif", a-t-il souligné.

Par ailleurs, "les Chinois n'ont pas une génération d'avance dans les fourgons, contrairement aux voitures", a lancé M. De Meo.

Alors que les utilitaires électriques restent bien plus chers à l'achat que leurs équivalents diesel, les partenaires devraient "réduire le coût à l'usage de 20 ou 30%", selon M. de Meo.

Ces fourgons seront proposés avec deux tailles de batteries, en partie fournies par le Français Verkor (une pour la ville, moins chère, et une pour de plus longues distances).

Leur système électrique à 800 volts devrait leur permettre de se recharger à 80% en 18 minutes.

Concurrence électrisée

Il s'agit pour Renault de rebondir sur le marché des petits utilitaires, avec ses marges intéressantes, et pour Volvo, spécialiste des gros fourgons et camions, de s'y placer.

Le leader mondial des utilitaires Ford et le leader européen Stellantis, tout comme le coréen Kia, ont déjà annoncé des plans ambitieux d'électrification.

"On n'a pas pu jouer sur les volumes donc on joue la carte de l'innovation", a expliqué M. de Meo.

Plusieurs start-up sont aussi sur le coup comme Canoo et Rivian, à qui Amazon a commandé 100.000 fourgons. Flexis promet un produit "made in France", combinant des véhicules personnalisables "comme des Lego" et des services connectés.

Il vise d'abord les grands groupes et leurs flottes de plusieurs centaines de véhicules, avant de se tourner vers les artisans.

L'accent a été mis sur l'efficacité des livreurs, avec des portes coulissantes, l'accès aux colis depuis la cabine, et un plancher bas.

Cet utilitaire devrait également être le premier véhicule développé par Renault sur une architecture logicielle centralisée ("software defined vehicle").

Pour mieux suivre les colis, les véhicules sont géolocalisés, et deux écrans donnent des informations au livreur sur sa course, pour qu'il lève les yeux de son portable.

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