Renault: Carlos Ghosn devrait être reconduit vendredi

Les actionnaires de Renault devraient approuver vendredi la reconduction de Carlos Ghosn comme PDG pour assurer la pérennité de l'alliance avec Nissan et Mitsubishi, hissée par le chef d'entreprise au premier rang mondial des constructeurs automobiles.

Le dirigeant de 64 ans, à la tête de Renault depuis 2005, a construit au fil des années un ensemble franco-japonais qui a vendu l'an dernier 10,6 millions de voitures, dépassant ses rivaux Toyota ou Volkswagen.

Devant l'assemblée générale des actionnaires, vendredi, il défendra un bilan flatteur. Le constructeur français qui contrôle cinq marques (Renault, Dacia, Renault Samsung Motors, Alpine et Lada) a réalisé en 2017 des ventes record (3,76 millions de véhicules) et un bénéfice net historique de 5,1 milliards d'euros.

M. Ghosn avait déjà obtenu en février le feu vert du conseil d'administration pour un nouveau mandat de PDG de quatre ans. Il s'était notamment assuré le soutien du premier actionnaire, l'Etat français, détenteur de 15% du capital et de 21,93% des droits de vote.

"Finalement, Carlos Ghosn aura fait du bon boulot. Le groupe est extrêmement solide", estime Flavien Neuvy, directeur de l'Observatoire Cetelem de l'automobile.

Selon lui, Renault dispose aujourd'hui de trois "atouts majeurs": une taille critique, grâce à son alliance avec Nissan et Mitsubishi, qui lui permet d'investir des milliards d'euros en recherche et développement, un équilibre des ventes dans les différentes régions du monde, et une gamme de véhicules à bas coûts sous la marque Dacia, sans équivalent chez la concurrence, qui lui permet de conquérir les pays émergents.

M. Ghosn, vénéré au Japon pour avoir redressé Nissan, est considéré comme le seul actuellement capable de piloter l'alliance aux équilibres complexes, constituée d'entreprises distinctes liées par des participations croisées non majoritaires. Renault détient 43% de Nissan qui possède 15% du groupe au losange. Nissan possède 34% de son compatriote Mitsubishi.

 

Baisse de salaire

Inquiet pour l'avenir et l'ancrage français de ce fleuron industriel, le ministre de l'Economie Bruno Le Maire avait réclamé en février que M. Ghosn prépare sa succession à la tête de Renault et assure la pérennité du premier constructeur mondial.

Le dirigeant franco-libano-brésilien avait accepté cette feuille de route et décidé de nommer un numéro deux, Thierry Bolloré, appelé à lui succéder comme PDG de Renault. Cet homme de 54 ans, grand connaisseur de l'Asie, occupe désormais la fonction de directeur général adjoint.

M. Le Maire avait également poussé M. Ghosn à accepter une réduction de 30% de sa rémunération totale au titre de ses fonctions chez Renault. Elle a atteint près de 7,4 millions d'euros au titre de l'année 2017.

La rémunération de l'an dernier ainsi que les critères de rémunération pour 2018, qui tiendront compte pour la première fois cette réduction, seront soumis vendredi au vote des actionnaires. Les deux dernières années, l'Etat avait refusé de sonner son blanc-seing à un salaire jugé excessif, sans être en mesure d'empêcher qu'il soit adopté à une courte majorité.

L'Etat approuvera cette fois non seulement la reconduction de Carlos Ghosn, qui ne fait aucun doute, mais aussi sa rémunération revue à la baisse pour cette année, aux alentours de 5 millions d'euros. En revanche, les émoluments pour 2017 devraient encore faire l'objet d'un vote serré, l'Etat ayant décidé de voter contre, par cohérence avec ses positions précédentes.

Lors d'une séance de questions-réponses, les actionnaires pourraient par ailleurs questionner le PDG sur ses intentions concernant l'Iran, où Renault est bien implanté avec plus de 160.000 véhicules vendus l'an dernier. Son concurrent PSA (marques Peugeot, Citroën...) a déjà annoncé son retrait du pays afin de respecter les sanctions imposées par les Etats-Unis.

La question des moteurs diesel truqués, qui a valu un rappel de près de 800.000 véhicules à Mercedes (Daimler), pourrait aussi être abordée. Renault livre en effet certains moteurs diesel au partenaire allemand qui possède 3% de son capital.

© 2018AFP