Renault: Bolloré pourrait toucher 2,4 millions d'euros

Le conseil d'administration de Renault a annoncé mardi que l'ancien directeur général du constructeur automobile français, Thierry Bolloré, toucherait des "actions de performance" après son éviction en octobre, pour un montant maximum d'environ 2,4 millions d'euros au cours actuel selon un calcul de l'AFP.

M. Bolloré avait été démis de ses fonctions le 11 octobre, officiellement pour donner "un nouveau souffle" à l'alliance avec le constructeur japonais Nissan. Des sources proches de l'entreprise avaient toutefois évoqué des problèmes de management et de performance.

Dans un communiqué, le conseil d'administration a indiqué que Renault avait conclu "un accord transactionnel" avec M. Bolloré.

Cet accord prévoit que l'ancien directeur général bénéficiera du maintien de ses actions de performances au titre de 2017 et 2018, alors qu'elles étaient normalement perdues car soumises à une condition de présence dans l'entreprise trois ans après leur attribution.

Ainsi, en guise d'indemnisation pour son éviction, M. Bolloré toucherait un maximum de 52.509 actions "si tous les critères de performance étaient atteints au maximum". Le montant réel sera connu l'an prochain. Avec une action Renault à près de 46 euros au cours de clôture de la Bourse de Paris mardi soir, leur montant représenterait jusqu'à 2,4 millions d'euros.

En revanche, M. Bolloré ne touchera aucune indemnité liée à sa "clause de non concurrence", le conseil d'administration ayant décidé de ne pas l'activer. Ainsi, l'ancien directeur général pourra travailler immédiatement pour un groupe concurrent.

"Le conseil a fait preuve d'une certaine mansuétude en ce qui concerne les attributions d'actions gratuites", a constaté auprès de l'AFP Charles Pinel, associé du cabinet Proxinvest, société de conseil aux actionnaires.

Mais ce dernier trouve "un peu surprenante" la non activation de la clause de non concurrence, étant donné le risque de voir M. Bolloré partir chez un groupe rival avec toute la connaissance de Renault dont il dispose.

Le conseil d'administration de Renault avait tenté de convaincre M. Bolloré de démissionner le 11 octobre, mais ce dernier avait refusé en dénonçant "un coup de force", un fait rarissime dans le milieu des affaires où les départs de hauts dirigeants, même contraints, prennent généralement la forme d'une démission contre indemnisation négociée.

Dans l'attente du recrutement d'un remplaçant, la directrice financière Clotilde Delbos a été nommée pour assurer l'intérim. Sa rémunération annuelle a été alignée pour cette période sur celle de M. Bolloré, soit 900.000 euros de fixe et jusqu'à 125% de ce montant en variable, a annoncé mardi le conseil d'administration.

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