Renault: 1200 CDI en 6 mois, sur fond d'intérim

Renault a recruté en six mois 1.200 salariés en CDI, anticipant largement l'objectif fixé par l'accord d'entreprise triennal signé en janvier avec trois syndicats, mais le recours à l'intérim ne s'est pas ralenti, selon des sources concordantes.

En échange d'une flexibilité accrue dans l'organisation du travail, le constructeur aux 38.000 salariés (division automobile) s'est engagé d'ici fin 2019 à réaliser 3.600 embauches et réduire de moitié le nombre d'intérimaires.

L'accord signé avec la CFE-CGC, la CFDT et FO prévoyait aussi de favoriser un dialogue social plus poussé dans les usines et des dispositifs donnant la parole aux salariés pour améliorer la qualité du travail.

Six mois après la signature du "contrat d'activité pour une performance durable", les recrutements en CDI sont "dans la trajectoire", deux tiers des 1.800 prévus en 2017 ayant déjà été réalisés fin juin, selon Franck Daoût de la CFDT.

Pour le recours aux intérimaires, toutefois, le niveau "n'a pas bougé", affirme-t-il. Fabien Gâche, de la CGT, non signataire, parle en revanche d'un "record".

Le deuxième syndicat de Renault qui "constate une poursuite de l'intensification du travail", estime en outre que les embauches "ne compenseront pas le nombre de départs" naturels.

Le recours à l'intérim "reste élevé" dans les usines en raison d'une "activité industrielle très soutenue", admet le directeur des ressources humaines pour la France, Tristan Lormeau. Mais il note "plutôt une stabilisation à la baisse", avec 9.200 personnes en intérim, contre 9.600 fin janvier.

"Les recrutements vont contribuer à diminuer la part des intérimaires" à moyen terme, anticipe-t-il, indiquant que "80% des ouvriers" embauchés sont des ex-intérimaires du groupe.

"Il faut d'abord recruter" et faire un bilan à la fin de l'accord, temporise aussi Mariette Rih (FO). L'objectif est "ambitieux", abonde Bruno Azière (CFE-CGC), qui "ne s'attendait pas à ce qu'il y ait un résultat notable" en si peu de temps.

En matière de dialogue sur la qualité du travail, les syndicats restent en revanche sur leur faim.

Hormis à Flins, où l'expérimentation lancée en 2012 (des ouvriers référents sont chargés de faire remonter à la direction tout type de problème) a désormais "pris son envol", "toutes nos propositions dans les autres usines pour libérer la parole sont restées lettre morte", regrette la CFDT qui "attend des actes".

La CFE-CGC veut retenir une "tendance positive", bien que poussive. "On a remis en route une +machine+ qui avait été éteinte", dit M. Azière.

Il n'est pas question de faire un simple "copier-coller" de l'expérimentation de Flins, cela nécessite "un travail de longue haleine", se défend la direction.

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