Rémunérations des patrons: une polémique récurrente

A l'image du quasi-doublement du salaire du patron de PSA, Carlos Tavares, le montant des rémunérations des hauts dirigeants d'entreprise fait régulièrement l'objet de polémiques récurrentes.

Les syndicats du constructeur, redevenu bénéficiaire après une lourde restructuration, ont déploré l'augmentation du salaire de M. Tavares, qui a atteint 5,24 millions d'euros en 2015. Le gouvernement, actionnaire, a voté contre, tout comme il l'avait fait en 2015 concernant le PDG de Renault, Carlos Goshn, qui avait touché 7,22 milions d'euros.

Qu'il s'agisse d'indemnités de départ, de retraites chapeau, de bonus, de stock-options (bons d'achat d'actions à un prix fixé d'avance, très inférieur au cours de Bourse) ou d'augmentations proprement dites, plusieurs autres cas ont provoqué des remous:

- ALCATEL-LUCENT - 2015 - Les conditions de départ -- 14 millions d'euros de primes sur trois ans -- de Michel Combes, ex-patron d'Alcatel-Lucent, pour Numericable-SFR suscitent un tollé. Après plusieurs jours de polémiques, et sous la pression combinée du patronat, de l'Autorité des marchés financiers (AMF) et du gouvernement, Alcatel-Lucent décide de réduire ces primes de près de moitié.

- SANOFI - 2015 - Syndicats et petits actionnaires s'élèvent contre la prime de bienvenue de 4 millions d'euros reçue par le nouveau directeur général, Olivier Brandicourt, en compensation des avantages auxquels il a renoncé en quittant son précédent employeur. Une somme à laquelle se sont ajoutés près de trois millions d'euros versés à son prédécesseur, Chris Viehbacher, comme indemnité après son éviction à l'automne. Le gouvernement juge ces pratiques "incompréhensibles".

- DEXIA - 2014 - La banque franco-belge, sauvée de la faillite par les pouvoirs publics durant la crise, accepte sous la pression de Paris et Bruxelles de revoir à la baisse le salaire de plusieurs de ses dirigeants. La presse avait révélé que trois d'entre eux avaient vu leur rémunération passer de 340.000 euros à 450.000 euros après leur nomination au comité de direction.

- PSA - 2013 - Philippe Varin, président du directoire, renonce aux 21 millions d'euros prévus par le constructeur pour sa retraite chapeau face à l'avalanche de critiques, alors qu'il s'apprête à céder la direction d'un groupe en difficultés. Il finira par toucher une retraite chapeau de près de 300.000 euros, selon le site Deontofi.com.

- SOCIETE GENERALE - 2009 - La banque annonce que ses quatre principaux dirigeants vont recevoir un total de 320.000 stocks-options au titre de 2008. L'annonce déclenche un tollé, alors que la Société Générale a bénéficié de l'aide de l'Etat pour traverser la crise. Les dirigeants renoncent à ces stocks-options, sous pression du gouvernement.

- VEOLIA - 2010 - Lors de son départ de Veolia, Henri Proglio hérite d'une retraite chapeau de 742.000 euros annuels. Un complément provisionné à hauteur de 13 millions d'euros par la firme. Face à la polémique, l'ancien PDG reverse cette somme à l'oeuvre caritative Fondation de France.

- VINCI - 2006 - Antoine Zacharias quitte la présidence de Vinci, avec une indemnité de départ fixée à 12,8 M EUR, une retraite complémentaire annuelle à 2,1 M EUR, sans compter les plans de stock-options.

Accusé d'avoir procédé au renouvellement complet du comité des rémunérations du groupe pour obtenir des conditions financières très avantageuses, il est condamné à 375.000 euros d'amende pour "abus de pouvoir", un jugement confirmé en 2012 par la Cour de cassation.

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